Les Bourreaux de France – le métier si particulier des exécuteurs des hautes-œuvres

Les Bourreaux de France – le métier si particulier des exécuteurs des hautes-œuvres

Suite à mes divers articles FB, voici une brève histoire des bourreaux de France ; les exécuteurs des sentences capitales dans l’Histoire. C’est un sujet complexe, peu connu et parfois dérangeant. Vous retrouverez toutes les sources en fin d’articles. Je vous invite à les consulter et à les lire.

Nous allons évoquer plusieurs thématiques différentes :

  • Qui était le bourreau
  • Comment était-il nommé ?
  • Quelle était sa mission 
  • Pourquoi était-il détesté ?
  • Comment recrutait-on un bourreau ?
  • Le poste était-il un choix ou par contrainte ?
  • Qu’en était-il du pain du bourreau ?
  • Et de ses vêtements ?
  • Où vivait-il ?
  • Combien gagnait-il ?
  • Quelles étaient les basses-œuvres ?
  • Le condamné soumis à la question ?
  • Comment se déroulait une exécution ?
  • Les divers modes d’exécution ?
  • Qui aidait le bourreau ?
  • Le condamné et la sépulture…

A la fin de ces Chroniques, vous saurez tout (ou presque) sur les bourreaux de France.

Dès le XIVe siècle, des livres de comptes, tenus par les administrateurs locaux de justice mentionnent les rémunérations des exécuteurs. Les tarifs de l’exécuteur étant différent selon les divers supplices accomplis. Le nom du condamné est parfois cité. Nous trouvons aussi des récits d’exécutions dans les chroniques des contemporains des journaux personnels et des correspondances. On s’attarde sur le condamné son crime son comportement face à la mort mais on s’attarde peu sur le bourreau, il fait partie du décor.

Généralement un bourreau est attaché à un juge un juge qui n’a pas de bourreau attitré pour exécuter ses sentences va plutôt administrer des amendes qui rapportent de l’argent à la société plutôt qu’une peine physique qui nécessiterait de recourir à un exécuteur de justice de la localité voisine et impliquerait des dépenses comme les gages du bureau et c’est frais de déplacement. Toutes les justices n’ont pas de bourreaux publics car elles n’ont pas les mêmes besoins. En 1454 Charles VII rétablit l’ordre et l’unité du royaume à la fin de la guerre de Cent Ans. Il réaffirme la suprématie du pouvoir royal et interdit aux juges (ordonnance de  Montil les Tours) d’exécuter eux-mêmes les sentences qu’ils ont rendues. Dès le XV e siècle on a donc systématiquement recours au bourreau pour appliquer les peines. Le bourreau devient un employé à part entière de l’appareil judiciaire.

Dans l’Ancien Régime, le bourreau a le statut d’officier de justice : c’est-à-dire un emploi public. Il dépend d’une sénéchaussée, d’un baillage ou encore d’un parlement. Il peut œuvrer en dehors de sa compétence géographique. Avant de nommer un bourreau, le seigneur qui détient la haute justice fait mener une enquête pour s’assurer des « bonnes mœurs science loyauté et diligence du bourreau ».

À partir du XVIe siècle et pendant les Guerres de religion, on exige que le bourreau soit aussi un bon chrétien. S’il manque à ses devoirs et à ses obligations, le bourreau pourra recevoir des amendes ou être mis en prison.

Il doit faire enregistrer ses lettres de provision sur les registres de la ville avant d’exercer ses fonctions.

Quand la nomination du bourreau est validée administrativement, elle est rendue publique auprès de la population de la ville. On lui fournit un logement de fonction où on lui amène ses ordres d’agir au fur et à mesure des jugements rendus.

Le bourreau ne peut pas quitter son domicile plus d’une journée sans, au préalable, avoir obtenu l’accord de l’administration. C’est une forme d’esclavage. Il n’a pas le droit d’exprimer un quelconque avis, sinon il s’expose à de graves sanctions.

Le bourreau est le dernier des rouages de la justice pénale. Il n’a plus qu’à exécuter.

Le mode d’exécution a été déterminé par la justice. Les bourreaux ne doivent pas agir avec trop de cruauté sous peine d’être eux-mêmes puni avec ses vérités. Ils peuvent même être démis de leurs fonctions s’ils n’accomplissent pas correctement leur mission.

Le bourreau ne doit pas poser de questions. Il doit demeurer maître de ses émotions et exécuter le jugement sans passion, ne manifester ni haine, ni empathie, n’éprouver aucun sentiment lorsqu’il élève son épée au-dessus de la tête d’un condamné. Il ne doit pas s’interroger sur la culpabilité du condamné, ni sur qui l’ordonne. Il doit faire preuve de neutralité si la condamnation touche un de ses proches ou une de ses connaissances.

Ex : En 1477, le bourreau parisien Henri Cousin pend au gibet de Montfaucon les quatre assassins de Petit-Jehan Cousin, son fils, qui était aussi son aide.

Mais les bourreaux ne sont pas toujours d’accord avec les sentences d’exécution : Ex : Après la Saint Barthélémy, Claude Psaltier, bourreau de Lyon (1565-1586), refuse d’exécuter les Protestants qui n’avaient pas été condamnés par une sentence de justice.

La veille des exécutions, souvent, le bourreau boit énormément. Cela est pourtant interdit et peut conduire à la révocation. Mais même pour un bourreau, l’exécution reste pénible. Boire leur permet d’oublier un peu mais altère leurs capacités de bien réaliser leur travail. On se rappelle du bourreau de Marie Stuart qui était ivre et qui a du s’y prendre à trois fois pour la décollation…

Au moment de l’exécution, le bourreau demande souvent au condamné qu’il lui accorde son pardon. Bon chrétien, il fait pénitence après chaque exécution car il sait que l’on ne doit pas tuer son prochain. Le bourreau est fière de sa fonction car il exécute la justice divine (rendue pas les hommes …). Toutefois, il croit véritablement que son action est bénéfique pour purger la société des tueurs et scélérats.

Se pouvait-il que le bourreau exécute des innocents ? Oui, c’était probable mais il n’en était en rien responsable puisque la « justice » avait été rendue. La responsabilité reposait sur les juges. Le bourreau n’était qu’un employé, l’exécuteur des hautes sentences, et comme pour chaque mission qui lui était confiée, il était rémunéré et ne devait pas se poser de question.

Le bourreau appliquait la sentence de mort. Cela restait néanmoins une pratique déshonorante.

Il y avait deux genres de peines capitales : La mort dite infamante et la mort dite honorable.

  • La mort infamante était réservée aux femmes et aux hommes lâches. Le corps ne touchait pas le sol ; c’était la pendaison, la noyade, la crucifixion ou la roue.
  • La mort honorable : était la mort virile par le fer qui fait couler le sang : la décapitation (digne d’un guerrier), le corps touche le sol.

Les registres paroissiaux mettent en évidence la consanguinité des mariages entre familles de bourreaux. Les filles et les fils de bourreaux sont marginalisés et parviennent rarement à trouver un conjoint hors de leur corporation. Si cela arrivait, c’était exceptionnellement rare, nous l’avons vu dans la fiction Fleur de sang dont je vous ai parlé précédemment et que vous retrouverez dans le fil de mes publications.

Les fils de bourreaux n’avaient pas d’obligation de devenir bourreau à leur tour. Mais dans les faits, ils n’avaient souvent pas d’autre choix.

Si le bourreau avait plusieurs fils, c’était l’aîné qui prenez la suite. Les cadets pouvaient être envoyés chez des confrères.

Les enfants d’artisans aidaient leur père. Il en allait de même pour les enfants de bourreaux qui aidaient à porter et à nettoyer les outils de leur père, avant de plus participer à son travail, comme l’aide à lier les mains du condamné ou le soutenant pour aller au lieu du supplice. Les enfants pouvaient aider dès l’âge de 10 ans.

Les bourreaux et leur famille étaient mis à l’écart. C’était une vie de paria. Ils vivaient l’isolement dès le plus jeune âge. C’était la fatalité de la naissance et la succession était difficile si l’on n’avait pas de fils.

Le bourreau public n’avait pas le droit de vivre dans la cité, il devait vivre hors de la ville. On lui interdisait des lieux et on lui interdisait de se mêler à la population. De toute façon, la population avait tellement peur de lui, qu’il n’y avait aucune chance de vouloir partager quoi que ce soit avec cet exécuteur.

Les maisons de bourreaux étaient donc hors les murs, souvent sur l’enceinte de la ville ou dans des anciennes tours de fortification dont on n’avait plus l’utilité. Ce sont souvent des endroits délabrés. Le logis était certes offert au bourreau mais c’était bien souvent des lieux miséreux.

Certaines villes ont encore des bâtiments nommés Maison du Bourreau ; une tour par-ci, une maison par-là, comme à Draguignan (mais celle-ci fut construite au XIXe ; la guillotine se trouvait devant la maison)… La plupart des habitations de bourreaux datant du Moyen-Âge ou de l’Ancien Régime ont été détruite au cours du temps comme pour exorciser l’âme de celui ou ceux qui vivaient là.

Toutes les villes n’avaient pas de bourreau et l’on faisait appel à la cité voisine qui en disposait. On réglait ainsi la prestation du bourreau en fonction des besoins. C’était moins couteux que d’avoir un bourreau à demeure.

Dans le four banal, le boulanger retournait le pain du bourreau pour ne pas le confondre avec celui du reste de la population. Cela tenait de la superstition car on considérait que le bourreau avait les mains salies par le sang. Pourtant il portait des gants pour exécuter ses « patients » (et oui, les condamnés étaient appelés des « patients » pour le bourreau). Mais symboliquement, la marque du sang était indélébile, donc le pain ne pouvait être mélangé à celui du commun des mortels.

La main du bourreau qui donnait la mort était jugée impure. On interdisait au bourreau de toucher quoi que ce soit avec ses mains.

Pour la population, le bourreau portait malheur car il donnait la mort. On ne voulait pas l’approcher, ni le toucher et on ne voulait surtout pas qu’il nous touche. Il était vraiment considéré comme un pestiféré.

Seules quelques rares exceptions ont été mentionnées dans l’Histoire, comme Angélique Tiquet, une criminelle qui a tenté d’assassiner son époux, en 1699, qui a embrassé la main du bourreau en signe de pardon.

On imagine toujours que le bourreau portait systématiquement une cagoule ou un masque. Or, la plupart du temps, les bourreaux français n’en portaient pas. C’est l’imaginaire du bourreau masqué qui le rendait plus mystérieux et plus effrayant encore, mais le bourreau œuvrait à visage découvert et était connu de tous.

La couleur la plus commune imposée au bourreau était le rouge, en lien avec la couleur du sang, et pour être vu et reconnu lors des exécutions, mais ce n’était pas systématique. L’habit du bourreau était aussi régulièrement noir. Plus surprenant, l’habit du bourreau pouvait parfois être jaune, c’est également pour cette raison que pendant longtemps nous n’avons pas aimé cette couleur.

Par exemple, le bourreau d’Amiens portait sur une manche une broderie représentant une main avec une épée. D’autres bourreaux portaient également le symbole d’une échelle ou la marque d’une potence. Dans tous les cas, il pouvait y avoir des signes distinctifs sur les tenus des bourreaux.

Lorsqu’il n’exécutait pas, le bourreau était vêtu normalement, comme le reste des hommes de la population.

Un dernier signe distinctif est que le bourreau devait être grand et fort car ce métier demandait une grande solidité physique et mentale.

Le bourreau était  logé gratuitement. On l’exemptait d’impôts comme la taille, la gabelle, des droits de mouture au moulin banal ou encore des taxes sur le vin.

Il était aussi exempté des devoirs de guets, de garde, ou d’hébergement des gens de guerre (contrairement aux obligations municipales imposées à la population).

Il pouvait recevoir une terre à titre de revenus ou une rémunération sous forme de gages pour chacune de ses prestations selon un tarif déterminé lors de sa prise de fonction. Le tarif pouvait être différent pour chaque ville.

Après l’exécution, le bourreau remettait aux autorités un compte-rendu dans lequel il détaillait son intervention et additionnait le coût de chaque acte accompli en fonction du barème qui lui avait été remis à sa nomination. C’était comme un « épicier » qui préparait une note de frais.

Toutefois, le bourreau avait souvent du mal à se faire payer. Les finances publiques tardaient ou contestaient parfois le tarif à régler et essayaient toujours de tirer « les prix » vers le bas.  

On concédait au bourreau le droit de havage ou de havée qui l’autorisait à prendre une poignée de toutes sortes de denrées présentes sur les étals des marchands, ou sur les marchandises qui entraient dans la ville le jour de marché : légumes, fruits, raisins, noix, noisettes, foin, œufs, poissons, volailles, fromages, bois, charbon, laine, balais, poteries, sel, etc. Il détenait ce droit car il devait aussi surveiller le marché et nettoyer la place ensuite (comme les esclaves publics de l’Antiquité).

Le bourreau avait également dans ses attributions le devoir de chasser de l’enceinte urbaine les mendiants, les lépreux, les chiens ou les cochons errants dans les rues. Il devait enlever les cadavres d’animaux morts de la voie publique. Pour cela, il percevait des revenus complémentaires ; il pouvait vendre les peaux à son seul profit, ou vendre la viande de porc si elle était encore consommable.

Jusqu’en 1311, les animaux vivaient librement dans les villes, mais après l’accident du prince Philippe de France, fils ainé et héritier du roi Louis VI, ce dernier fit interdire les porcs errants dans la ville. L‘édit fut renouvelé par ses successeurs et s’étendit aux autres villes de France. Tuer les porcs errants devint donc l’apanage du bourreau dans toutes les villes du royaume.

En guise de revenus, le bourreau pouvait conserver les vêtements et chausses du condamné. Le jour de l’exécution, le bourreau pouvait aussi installer une estrade et louer des emplacements face à l’échafaud où prenaient place les représentants de la bonne société. Le bourreau était aussi sollicité par des malades qui voulaient que ce dernier abrège leurs souffrances.

A l’inverse, le bourreau était aussi un soignant. Il avait des connaissances anatomiques dues à l’exercice des ses fonctions. Il savait guérir des luxations ou encore réduire des fractures. Et la vue du sang ne lui faisait pas peur.

Toutefois, les chirurgiens locaux voyaient d’un très mauvais œil cette concurrence de la médecine et de la chirurgie. Mais ils avaient besoin du bourreau. En 1376, les écoles de médecine de Montpellier et de Paris ont obtenu le droit de disséquer chaque  année le cadavre d’un condamné à mort, et c’était le bourreau qui fournissait le corps, et parfois même plusieurs, clandestinement. Cela lui assurait un revenu complémentaire et permettaient aux médecins et chirurgiens de développer leurs connaissances.

Les bourreaux étaient parfois démunis parce que, contrairement à ce que l’on peut imaginer, les exécutions n’étaient pas toujours si fréquentes…

Il faut donc comprendre qu’il ne pouvait y avoir de justice criminelle sans bourreau.

Charles Quint et Henri III produisirent des Ordonnances pour la « sauvegarde de l’exécuteur » dont le métier pouvait disparaître. La présence du peuple était nécessaire car elle légitimait la validité de l’exécution. L’échafaud lui, était le théâtre de la justice, scène sur laquelle on montrait à tous ce qu’il en coûtait d’enfreindre la loi. Sur l’échafaud, le bourreau incarnait la justice. Il fallait qu’il remplisse bien son office, sinon, le peuple était en colère contre lui. Or, les débuts d’un bourreau étaient souvent ratés. Et si le bourreau n’était ni fils, ni valet d’un bourreau, c’était encore plus difficile.

On conviait le peuple à assister à l’exécution au son des trompettes.

Il existait différents piloris. On exposait le condamné à la vue de tous pour bien montrer le malfaiteur.

L’imposition du fer chaud était courante. La brûlure sur le front laissait une marque indélébile et une reconnaissance publique des malfaiteurs. Jusqu’au XVIIe siècle, la marque infligée était une fleur de lys, symbole de la justice royale.

Puis, la marque ne fut plus appliquée sur le front mais sur l’épaule droite ou dans le dos et on utilisait les lettres suivantes :

  • F pour Faussaire
  • V pour Voleur
  • W pour Voleur récidiviste
  • G ou GAL pour Galérien
  • M pour Maquerelle

D’autres punitions étaient infligées :

  • L’aveuglement au fer rouge
  • L’arrachement des dents ou des yeux
  • L’amputation des pieds
  • L’ablation des lèvres ou de la langue pour les blasphémateurs
  • L’amputation d’une oreille, d’un nez, d’une main sur le billot ayant tenu l’arme du crime (généralement le condamné mourait en se vidant de son sang).

La question, c’était la torture. Il existait deux sortes de questions : la question préparatoire et la question préalable.

  • La question préparatoire avait lieu avant tout jugement, dans le but de faire avouer un crime.
  • La question préalable, c’est ce que l’on faisait subir à une personne déjà condamnée à mort. C’était un préalable à l’exécution afin que jusqu’au dernier moment, le condamné puisse révéler le nom d’éventuels complices.

Il existait une chambre de la question, c’est-à-dire une chambre de la torture. Souvent, la seule vue du bourreau ou de ses instruments provoquait des aveux spontanés. Les tortures se faisaient avec de l’huile bouillante, du feu, une roue, un étau, par écartèlement, par privation de sommeil, de nourriture, par supplice de l’eau où l’on faisait ingurgiter au condamné 8 à 10 litres en même temps, etc.

La peine capitale, c’était la privation de vie.

L’exécuteur devait être capable de réaliser tout type de mise à mort.

La décapitation quant à elle demandait une grande dextérité que l’on ne pouvait acquérir qu’avec la pratique.

Pour avoir une valeur exemplaire et dissuasive, la punition d’un crime devait être vue de tous et devait avoir lieu sur la place publique, un jour et heure de grande affluence ; généralement un jour de marché par exemple, ou un autre jour solennel, mais elles pouvaient avoir lieu tous les jours si nécessaire. La place de marché était généralement dotée d’un échafaud permanent. Si cela n’était pas le cas, le bourreau était chargé d’en monter un.

Pour chaque exécution, ce dernier se procurait le matériel nécessaire ; cordes, gants, bois. Il se faisait ensuite rembourser lorsqu’il demandait le paiement de ses gages. Mais comme nous l’avons vu dans les premiers articles, il lui était parfois difficile de se faire rembourser ses frais.

Le régime général de la peine de mort était la pendaison. C’était selon ce procédé que l’on punissait les coupables ayant infligé ce que l’on considérait comme de « graves blessures » comme le viol, l’infanticide ou le meurtre.

On pendait « haut et court », c’est-à-dire que l’on faisait subir une chute au condamné d’une hauteur suffisante pour que la mort soit instantanée et provoque la rupture des verticales.

Mais on pouvait également pendre lentement afin que le condamné meure lentement ou ne meurt pas du tout ; certains survivaient. Cet expérience de semi pendaison était une peine qui visait à faire prendre conscience au condamné sa faute et surtout à ne plus recommencer. Mais les séquelles pouvaient être parfois très graves et le supplicié, même s’il n’était pas mort, pouvait rester sans voix à vie ou avoir de grosses difficultés à respirer.

Dans l’Antiquité grecque, la décapitation se pratiquait à l’épée. A Rome, on utilisait la hache. L’épée et la hache étaient réservée à la noblesse. C’était une mort moins infamante que la pendaison.

Au XIIIe siècle, Saint Louis a supprimé ce privilège de classe ; Pour lui, c’était  « A crime égal, Peine égale ». Mais ce privilège refit surface à sa mort et perdura jusqu’à la Révolution.

Richelieu, quant à lui, avait supprimé l’épée pour les nobles et avait imposé la décapitation à la hache pour mieux les humilier.

Avant la décapitation, les cheveux étaient coupés ; on dégageait la nuque et le col de la chemise.

L’épée employée était différente de celles des chevaliers. C’était une épée à deux mains avec une lame large et peu épaisse, très tranchante et très effilée. Mais la lame était très fragile et nécessitait d’être souvent réparée ou même remplacée.

Il fallait être très adroit pour décapiter à l’épée. Le coup devait être porté entre la troisième et la sixième vertèbre. Il fallait donc une véritable maîtrise technique du bourreau. Il fallait bien viser, ni trop haut, ni trop bas. Beaucoup de condamnés ont été loupés. Nous en avons cités des exemples dans les précédents articles.

Le supplice du bûcher fut pratiqué depuis la haute Antiquité. On a toujours cru que le feu purifiait et on envoyait ceux que l’on considérait comme hérétiques au bûcher.

C’est le bourreau qui fournissait le matériel pour le bûcher.

On pouvait placer autour du cou ou dans la bouche du condamné une balle de poudre pour abréger ses souffrances. Le bourreau pouvait aussi l’étrangler au préalable.

Peine exemplaire depuis l’Antiquité, réservée à ceux qui ont porté atteinte à la Nation, comme les traitres, les déserteurs, et tout particulièrement les Régicides. Cette peine est généralement exécutée à l’aide de quatre chevaux auxquels sont fixés les 4 membres du condamné (bras et jambes) puis, il s’agit de faire avancer les chevaux dans des directions opposées jusqu’à ce que les membres lâchent.

Le condamné était fermement lié, bras et jambes écartelés. Le bourreau pouvait lui rompre les articulations à coup de barre de fer.

Le condamné était enfermé dans un sac, une pierre autour du cou. Le corps était jeté depuis un pont ou dans un lac. On pouvait aussi enfermer la personne dans une cage de fer et la mettre dans l’eau en attendant la noyade.

Cette peine était souvent appliquée aux faux-monnayeurs. Une chaudière était remplie d’eau et portée à ébullition. Le bourreau maintenait la tête du condamné sous l’eau, à l’aide d’une fourche. Une fois mort, le corps du condamné était pendu  la vue de tous.

Les femmes étaient enfermées, on les laissait mourir de faim. Elles subissaient aussi le supplice de la noyade, le bûcher restait le plus fréquent. Elles pouvaient être également enterrées vivantes.

Il n’a pas existé de femme de bourreau à proprement parlé. Toutefois, des épouses de bourreaux ont assuré, pendant des siècles, le rôle d’assistantes de leur mari ou de leur fils.

Certaines ont été plus actives que d’autres et ont pu ainsi acquérir une certaine maîtrise. La plupart du temps, ces femmes étaient aussi issues de familles de bourreaux. Elles ont donc pu aider leur père ou du moins, le voir travailler…

Après la mort, il avait toujours une exposition du cadavre, soit aux fourches patibulaires, soit au bord des routes, ou à l’angle des places principales, parfois également à l’entrée des ponts.

Le gibet de Monfaucon était le plus célèbre des hauts lieux de pendaisons, avec ses 16 piliers hauts de 10 mètres, réunis à mi-hauteur et en leur sommet de poutres garnies de chaînes. On suspendait sur 2 étages souvent jusqu’à 60 personnes à la fois. Certains corps y sont restés à se décomposer 2 à 3 ans (ça parait incroyable !) et jusqu’à ce que les os tombent par eux-mêmes. Les anales de Monfaucon mentionnent que parfois, le bourreau devait re-suspendre des corps que le vent faisait tomber.

Sous le gibet, il y avait une fosse, un charnier, là où allaient les corps des condamnés qui n’avaient pas le droit de sépulture. On les détachait les corps uniquement si l’on avait besoin de place ou dans des cas particuliers. Par exemple, en 1531, à l’occasion des obsèques de Louise de Savoie, on dégarnit les potences placées sur le trajet du convoi funèbre pour la vue et les odeurs.

Un procès par contumace et une condamnation par contumace désignaient une décision judiciaire prononcée par un juge à l’issue d’un procès, en l’absence de la personne jugée Suivant les pays, le terme de « défaut criminel » ou « in absentia » peut être employé.

On pouvait aussi exécuter le condamné par le biais d’un portrait, d’une effigie, ou parfois d’un mannequin de paille. C’était symbolique mais efficace pour les juges. La personne jugée par contumace est appelée le « contumax ».

– Les bourreaux en France: Du Moyen Age à l’abolition de la peine de mort – Frédéric Armand.

– Les Sanson: Une famille de bourreaux au service de la France – Henri-Clément Sanson

– Sept générations d’exécuteurs. Mémoires des Sanson – François-Henri Désérable

– Une dynastie de bourreaux. Les Sanson – Barbara Levy.

– Le Métier de bourreau : Du Moyen Age à aujourd’hui – Jacques Delarue.

– Charles-Henri Sanson: Une vie de bourreau (1739-1806) – Jean-Michel Derex.

ARTICLES :

– Dynasties familiales de Bourreaux : http://racineshistoire.free.fr/…/Dynasties-de-Bourreaux…

– Portrait du bourreau en parfait citoyen : http://racineshistoire.free.fr/…/Dynasties-de-Bourreaux…

– Le bourreau, cet inconnu, son image : https://shs.hal.science/halshs-02354251/file/R7Voyer.pdf

– Bourreau : https://data.decalog.net/enap1/Liens/fonds/F2C3-3_3.pdf

– Un bourreau fortuné : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et…

– Une histoire de la peine de mort. Bourreaux et supplices, Paris-Londres, 1500-1800 : https://www.academia.edu/…/Une_histoire_de_la_peine_de…

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