Coffret de la Renaissance en Nacre
Réalisé en 1532-1533, ce coffret est l’œuvre de l’orfèvre principal de François Ier : Pierre Mangot.
Entièrement recouvert de petites plaques de nacre et dont l’armature est en argent doré, il était peut-être destiné à l’un des membres de la famille royale.
L’emploi de la nacre relève d’une mode contemporaine alors très coûteuse.
H. : 29 cm. ; L. : 40 cm. ; Pr. : 26 cm.
© RMN – Grand Palais (Musée du Louvre)
Ce coffret, entièrement recouvert de petites plaques de nacre et dont l’armature est en argent doré, est l’œuvre de l’orfèvre principal du Roi de France : Pierre Mangot. Il a peut être été exécuté pour un des membres de la famille royale et constitue un jalon essentiel dans l’évolution de l’orfèvrerie française tant par la rareté des œuvres du XVIe siècle qui nous sont parvenues que par la diversité des techniques et des matières mises en œuvre.
L’emploi de la nacre
Ce coffret est recouvert sur toute sa surface de petites plaques de nacre imbriquées et clouées sur l’âme de bois. Sur la face principale, leur découpe évoque des écailles de poisson hormis sur le pourtour du couvercle où les plaquettes sont en forme de carrés posés sur la pointe. L’emploi de la nacre relève d’une mode contemporaine dont les comptes royaux se font alors l’écho. Les objets de ce type étaient exécutés à Surat ou Gujarat, dans le nord ouest de l’Inde, et étaient importés en Europe où ils étaient agrémentés de montures précieuses. Ces ateliers indiens produisaient tous types d’objets : des tables, des boîtes, des chandeliers ou des coffrets, comme celui-ci, recouverts de nacre. Plusieurs coffrets ornés de plaques de nacre nous sont parvenus montés ou non en orfèvrerie. Le Kunsthistorisches Museum de Vienne en possède plusieurs ainsi que d’autres types d’objets comme des calices, des bouteilles ou des bassins. Un coffret de nacre monté en argent doré, très proche de celui du Louvre, est conservé au musée diocésain de Mantoue et est attribué à Pierre Mangot.
La diversité des techniques mises en œuvre
La monture en argent doré de ce coffret présente une véritable synthèse de l’orfèvrerie française de l’époque de François Ier. L’argent doré est travaillé fondu, en filigranes, poinçonné et complété par une vive polychromie d’émaux, de pierres précieuses et d’intailles. Le coffret repose sur quatre pieds en forme de sphères sous des griffes d’aigle. Aux quatre angles, des colonnettes à balustres moulées structurent l’ensemble. Le couvercle du toit brisé est surmonté d’une poignée ciselée et découpée. Chaque arête porte une moulure d’argent doré ponctuée de frises de rinceaux ou de palmettes ou encore enrichie de pierres en cabochon. Aux angles du couvercle se trouvent quatre sphères d’agate. Enfin chaque face est ornée d’un médaillon émaillé à personnages en buste ciselés en fort relief.
Une œuvre caractéristique de la « première Renaissance » française
L’inspiration stylistique se révèle emblématique de l’époque de François Ier. Les motifs sont en effet empruntés à l’architecture italienne : les balustres détachés aux angles, les médaillons renfermant des bustes (qui se retrouvent notamment sur le mobilier de la même époque) et les pans inclinés du couvercle. Des références à la sculpture monumentale sont également à évoquer en particulier pour les minuscules têtes d’enfants de la serrure et les putti nus des quatre angles. Les pieds aux griffes d’aigle se rapprochent en revanche de certains pieds des pièces du Trésor du Saint-Esprit conservées au Louvre. L’orfèvrerie française de la Renaissance ayant presque entièrement disparu, victime des fontes pratiquées en France aux XVIIe et au XVIIIe siècles, ce coffret est un témoignage précieux de l’orfèvrerie royale ou princière de cette époque.
Historique :
Vente du collectionneur Gregorio Franchi, ami de William Beckford, Londres, Christie’s, 17 mai 1827, n° 109 (comme étant allemand) ; comte de Chesterfield ; comtes de Carnarvon ; William Randolph Hearst ; acquis en 2000 avec des contributions de Monsieur et Madame Arcadi GAYDAMAK, de Madame Akram OJJEH, des legs DOL-LAIR et HERISSON et du Fonds du Patrimoine , 2000
Bibliographie
– MABILLE G., Une nouvelle œuvre de la Renaissance au Louvre le coffret de nacre de Pierre Mangot, La Revue du Louvre et des Musées de France, N°4-2000, p 13-14.
– BIMBENET-PRIVAT M., Les Orfèvres parisiens de la Renaissance 1506-1620, Paris, 1992, p 244-245.
– TOESCA I., Silver in the time of François Ier, Apollo, octobre, 1969, XC, p 292-297.
– TOESCA I., Un coffret parisien du XVIe siècle, Gazette des Beaux Arts, t 66, 1965, p 309-312.
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