Un été au Moyen Âge – Les Chroniques de l’Histoire – Partie I – articles 1 à 7
Un été au Moyen-Age 1-2023 – LA CONSTRUCTION D’UN CHÂTEAU FORT – CHANTIER MEDIEVAL
Le Moyen-Âge est une grande époque de construction : celle des châteaux bien sûr, mais aussi des villes qui se développent, des églises, des maisons, des granges, des moulins, des forges, des ponts, etc.
Les bâtisseurs inventent de nouvelles techniques et on construit de plus en plus.
LES HOMMES CONSTRUISENT POUR SE DEFENDRE : À l’origine, le seigneur défend ses terres grâce à un petit château de bois sur une motte de terre (dessin). On réalise une motte de terre artificielle, une colline artificielle entourée de fossés et de palissades de bois pour se protéger. Puis, à partir du XIe siècle, le château de bois se transforme en château de pierres avec un donjon avec une salle de réception, des remparts avec des tours, une chapelle, des écuries, des ateliers.
Un été au Moyen Age – article 2-2023 – LES SEIGNEURS BATISSEURS
Quand il construit un château, le seigneur manifeste sa puissance et son autorité : il en est le commanditaire (celui qui passe commande : le roi, évêque, abbé, noble qui entreprend de faire construire un édifice et commande le travail au maître d’œuvre) et qui confie la réalisation à un architecte. Plus il est puissant, plus le château est important, plus la valeur des matériaux est grande : belles pierres de taille, bons mortiers, bois de qualité. Le château est très souvent construit sur un lieu élevé mais pas toujours. Le seigneur choisit un site qui répond avant tout à ses préoccupations : protéger une ville, défendre une frontière, commander l’entrée et la circulation d’une vallée. Le château est généralement installé près d’une route, d’un carrefour important, d’un pont, d’un gué, le seigneur instaure un péage auprès des voyageurs et des marchands. Quand le seigneur envisage la construction de son château, il s’assure d’une carrière à proximité pour extraire la pierre. Une petite équipe de carriers, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers, forgerons est dirigée par un maître d’œuvre.
Un été au Moyen Age – article 3-2023 – DES HOMMES DEFRICHENT LA FORET
Avant de creuser des fondations des bâtiments (construction en profondeur sous le niveau du sol pour supporter et stabiliser l’édifice), il faut préparer le terrain. On fait appel aux défricheurs (essarteurs) pour défricher le site où sera construit le château. Jusqu’au XIIe siècle, l’Europe est couverte de forêts. Les arbres sont utiles dès le début des travaux pour les planches et les poutres pour l’installation du chantier.
Dans la forêt, les charbonniers produisent du charbon de bois. Les rondins sont montés en meules recouvertes de terre ; durant plusieurs jours, une lente combustion les réduit en charbon. Ce combustible alimente ensuite les fours à chaux, les bas-fourneaux, la forge. Ensuite, les charretiers transportent le bois de la forêt au chantier.
Un été au Moyen Age – article 5-2023 – LES MESURES DU CHANTIER DU MOYEN AGE
Les mesures étaient différentes de notre époque. Il n’existait pas de plans comme nous les connaissons aujourd’hui. On traçait directement le plan au sol avec des piquets et des cordes. La corde est donc une unité de mesure et notamment la corde à 13 nœuds. L’intervalle entre deux nœuds est long d’une coudée. Grâce à cette corde, on peut réaliser différentes figures géométriques.
LES FONDATIONS DU CHÂTEAU
C’est un moment primordial dans la construction. Il faut que les fondations soient profondes et solides car elles doivent supporter une énorme masse de pierres sur des hauteurs parfois considérables. Les assaillants le savent bien : quand un château est attaqué, les ennemis vont creuser des sapes : des tranchées dans les fondations à la base des murs pour les faire s’écrouler. Les premiers manœuvres à travailler sur le terrain sont les fossatores qui creusent des tranchées profondes pour mettre en place les fondations. Quand cela est possible, on cherche à établir les fondations sur le rocher. A l’inverse, si les terrains sont mous, en zone inondable ou en zone marécageuse, on doit stabiliser le sol en y enfonçant un très grand nombre de pieux.
Un été au Moyen Age – article 6 -2023 – TROUVER LA BONNE PIERRE
La pierre coute cher, très cher si elle est de bonne qualité. Et elle coute encore plus cher si elle n’est pas à proximité et s’il faut la transporter.
Ce sont des bœufs ou des chevaux qui la font venir sur le chantier en la tirant sur des charrettes. Mais c’est très fatigant pour les animaux. Le transport par la rivière est plus rapide et moins couteux. Les bancs de bonne pierre se trouvent souvent en profondeur. Il faut dans un premier temps extraire la pierre de surface qui est de moins bonne qualité mais qui sont quand même employées pour des ouvrages divers comme les parties internes des murs (les blocages). Pour des ouvrages prestigieux, on n’hésite pas à faire venir des pierres ou des marbres de loin. Le commerce de la pierre est très ancien. Par exemple, dès le XIe siècle, la pierre de Caen est exportée en Angleterre.
Un été au Moyen Age – article 7-2023 – SANS FORGE, PAS DE CHANTIER
Sur le chantier, la forge a un rôle capital. Le forgeron fabrique les outils, les tirants, des tenons, des agrafes, des clous, des chaînes, des crochets, des ferrures, etc.
Le fer est difficile à produire, donc il est cher. On forge, on utilise et on répare les outils jusqu’à ce qu’ils soient vraiment inutilisables.
Les tailleurs de pierres adaptent leurs outils à la qualité de la pierre tendre ou dure, et aux besoins de la construction : moellon (bloc de pierre grossièrement taillé), pierre de taille (bloc de pierre très bien taillé), claveau (pierre taillée entrant dans la composition d’un arc), tambour d’une colonne (bloc de pierre cylindrique servant à la réalisation d’une colonne, etc. Pour réaliser une pierre de taille, les tailleurs de pierre utilisent des outils différents depuis le dégrossissage jusqu’à la finition. Les traces que l’on voit sur les pierres de taille racontent au quotidien l’histoire du chantier. Il s’agit de traces d’outils, de marques de tailleurs de pierre, de repères techniques comme des petites marques gravées sur des blocs d’une construction pour indiquer l’endroit précis où positionner un élément comme une colonne, une gargouille … En effet, le parchemin était très cher et les bâtisseurs pouvaient utiliser les pierres pour graver directement des épures. L’épure est un dessin exact et grandeur nature d’un élément d’architecture comme un arc, une porte, une fenêtre. Le dessin est gravé sur le sol ou sur la surface d’une pierre, de mortier ou de plâtre et comporte tous les détails techniques utiles au tailleur de pierre et au maçon notamment la longueur précise des blocs, l’épaisseur des joints… En décryptant ces traces on reconnait l’évolution des techniques et des outils, mais aussi le savoir-faire et les habitudes des tailleurs : celui-ci était gaucher, celui-là avait un taillant ébréché, ce dernier était visiblement un apprenti. Sur leurs pierres, les tailleurs ont souvent gravé leur signe qui est pour eux une signature. Il s’agit de formes géométriques, de dessins (étoile, flèche, oiseau…), de lettres d’alphabet parfois même de noms propres.
Cette Chronique fait référence à mes publications FB. Je vous invite à vous y abonner :
https://www.facebook.com/profile.php?id=100063530133815
Tous mes ouvrages sont disponibles sur Amazon ou auprès de moi.
Sandra Di Giusto, Guide Conférencière.