François Ier – La passion des livres
François Ier est un homme et un roi qui a été éduqué comme un prince. Depuis sa jeunesse, il est décrit comme curieux et ayant un goût particulier pour le savoir. Ses contemporains remarquent sa curiosité intellectuelle qui se traduit plus dans l’art de la conversation que dans l’étude silencieuse. Il s’entoure de savants et de lettrés comme l’a fait sa mère, Louise de Savoie avant lui et comme le fait sa sœur, Marguerite d’Angoulême, Reine de Navarre.
En 1506, après ses fiançailles avec Claude de France, fille de Louis XII, François d’Angoulême est appelé à la cour, en tant qu’héritier du trône. C’est sans doute à cette occasion que le libraire parisien Antoine Vérard prépare pour lui un exemplaire personnalisé de son édition du Séjour d’honneur, allégorie décrivant la cour de Charles VIII. Sur l’enluminure de dédicace, le jeune prince reçoit le volume des mains de Vérard, sous le regard de sa mère et de sa sœur, Marguerite. Cf. Enluminure ci-dessous.
François Ier – Amateur de beaux livres
Cette reliure de la Bibliothèque royale est l’une des deux seules qui furent exécutées sur des imprimés durant le règne de François Ier. Essentiellement composée de manuscrits, la collection de Fontainebleau comptait cependant quelques imprimés complétant l’œuvre d’auteurs jugés incontournables, comme les deux Grégoire. Son état de conservation exceptionnel permet d’apprécier la somptuosité (qualité du maroquin et de l’empreinte du décor héraldique) autant que la robustesse (ais de bois rainurés, boulons protégeant les plats) du programme de reliure de la bibliothèque savante.
Sous le règne de François Ier, le décor emblématique et héraldique à la gloire du roi s’est généralisé dans l’art de la reliure. Le comble du raffinement est atteint dans les tranches dorées et ciselées de livres sur papier, comme celle-ci où deux « F » adossés liés par un ruban sont intégrés à un motif de feuillages, de vases et de cornes d’abondance finement exécuté ; l’ensemble est tracé au poinçon, à l’exception des fleurs de lys, repoussées à l’aide du fer qui a servi pour appliquer l’héraldique des plats et du dos.
Le 2 novembre 1540, c’est sur financement royal que Robert Estienne, nouvel imprimeur officiel pour le grec, passe commande auprès de Claude Garamont de poinçons à graver « sous la conduite [de l’]écrivain en lettre grecque pour le roi » (le calligraphe Ange Vergèce). Il faudra dix ans pour créer plus de mille trois cents caractères en trois tailles différentes, reproduisant l’élégante cursivité du modèle. Dès 1544, le corps moyen sert à imprimer, à partir des manuscrits conservés à Fontainebleau, les premières éditions « ex bibliotheca regia ».
François Ier est décrit comme un lecteur autonome qui sait retrouver chaque volume dans sa bibliothèque et se plait à les montrer à ses visiteurs. Il suit la lignée des Valois-Angoulême qui avait une importante collection d’ouvrages. Il y a d’abord les précieux manuscrits valorisés par l’aristocratie et de nombreux auteurs, un demi-siècle après l’invention de l’imprimerie. Le luxe digne du souverain s’exprime dans les matériaux utilisés pour les livres : peau de vélin très fine et précieuse, calligraphie soignée, enluminures réalisées par les plus grands artistes, reliures aux couvrures et décors raffinés. La dédicace au roi peut se trouver en préface, avec les armes de France aux trois lys, le collier de l’ordre de Saint-Michel et parfois le F couronné salamandre.
Les imprimés de dédicace ou publiés sous les auspices du roi reçoivent eux aussi l’emblème de François Ier : les armes de France soutenues par deux salamandres ou la salamandre couronnée dans les flammes. Destinés à un public beaucoup plus large que les manuscrits royaux, les livres contribuent ainsi à diffuser l’emblème de la salamandre. C’est en effet sous le règne de François Ier que fut lancé le vaste programme de reliures destiné à rendre communicables pour le Collège royal les manuscrits puis imprimés grecs rapportés à grands frais d’Italie à partir de la fin des années 1530.
Qu’il s’agisse de peintures, d’enluminures, de dessins, de gravures, de monnaies ou de médailles, l’attention portée au portrait royal et à sa diffusion participe pleinement sous le règne de François Ier à l’entreprise de glorification de l’image du souverain et à la célébration de ses fonctions régaliennes. Plus modestes mais non moins révélateurs de la réception et du succès de cette propagande sont les deux médaillons circulaires gravés à l’effigie de François Ier que l’on répertorie à ce jour, dorés sur six reliures qui n’ont jamais été destinées au roi.
Le premier médaillon offre le profil schématique d’un homme barbu coiffé d’un chapeau à plumet et vêtu d’un pourpoint, inscrit dans un cercle au double pourtour ourlé de flammes et de fleurs de lys, avec l’inscription « f/rex ». Utilisé en paire avec un médaillon au profil fantaisiste de Didon, il orne deux reliures en veau brun datables du début des années 1540, respectivement sur des Horæ à l’usage de Rome (Paris, Simon Du Bois, 1527, avec un almanach de 1527 à 1541) et sur un recueil de quatre oraisons de Cicéron (Paris, M. de Vascosan, 1541-1543). Cette dernière reliure propose un décor complet, organisé au plat supérieur autour d’un bloc aux armes de France et, au plat inférieur, d’une plaque à la salamandre couronnée, accompagnée des lettres « M », « I », « D » et « P » (non élucidées), identique à celle qui a été frappée sur la reliure de dédicace de la De chirurgica institutione de Tagault (Paris, Chrétien Wechel, 1543).
Sources :
- François Ier, Pouvoir et image, BNF, 2015
- BNF – Exposition François I er, 2015
4 réflexions sur « François Ier – La passion des livres »
Bravo, super site !
Merci beaucoup Olivier 🙂
J’adore !!
Vos histoires font voyager !😊
Merci Elene, c’est très gentil de votre part. Très belle journée à vous.
Sandra