La trêve de Noël 14-18 – se souvenir de ceux qui ont servi dans le froid et la glace

La trêve de Noël 14-18 – se souvenir de ceux qui ont servi dans le froid et la glace

Y compris à Noël . Merci à tous nos soldats et beau Noël à toutes et tous.

Le 25 décembre 1914, alors que l’Europe est en guerre, que des millions d’hommes sont déjà morts, dans une solitude totale, l’espace d’un instant, des soldats ennemis, Français et Allemands, vont poser les armes pour fraterniser. C’est un drôle de moment d’histoire. Des mouchoirs blancs et des sapins de Noël auront servi aux soldats pour signifier leur intention pacifique.

« Les Allemands chantaient, les Français ont répondu par « Mon beau sapin ». Alors les soldats se disent : « pourquoi nous tirons sur eux et eux sur nous », rapporte dans une archive de 1983, un ancien poilu qui a connu cette fraternisation. Cette histoire a longtemps été secrète. Elle est aujourd’hui célébrée en pleine lumière. Comme si, un siècle plus tard, l’humanité et la fraternité avaient une revanche à prendre.

Voici la phrase d’un soldat, très émouvante :

« Si cela ne dépendait que des hommes, il n’y aurait jamais eu de guerre … »

“La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas.” – Paul Valéry

Je partage avec vous une vidéo de Mamytwink très bien faite :

Très belle journée de Noël à toutes et tous 🎄⛄️⭐️✨

Sandra,

Les Chroniques de l’Histoire.

Extrait du Carnet du Caporal Louis BARTHAS, pour raconter cette rencontre, entre frères ennemis. Le 26.12.1914

Mes chers Parents,

 Encore 36 heures de tranchées de faites, mais celles-ci se sont passées dans des conditions particulières que je vais vous raconter.
Nous étions cette fois à 25 m des tranchées allemandes, que nous distinguions très nettement. Ceux que nous relevions nous dirent: depuis 36 heures que nous sommes là ils n’ont pas tiré un seul coup de fusil pour ne pas être ennuyés par une fusillade inutile. C’était sensément un accord  entre nous et eux

 Dans la journée, j’avais entendu dire qu’ils nous avaient causé, échangé des journaux, des cigarettes même. Je ne voulais le croire tant que je n’en aurais pas eu la preuve par moi-même.

 Au jour, je risque vivement un œil par dessus la tranchée, enhardi par le calme qui régnait des 2 côtés. Je recommence à regarder plus atten­tivement. A mon grand étonnement, j’aperçois un Bavarois (car ce sont eux qui étaient en face de nous) sortir de sa tranchée, aller au devant d’un des nôtres qui lui aussi avait quitté la sienne et échanger des journaux et une solide poignée de main. Le fait se renouvela plusieurs fois dans le courant du jour. Un Alsacien qui se trouvait près de nous échangea avec eux une courte conversation par laquelle les Bavarois lui apprirent  qu’ils ne voulaient plus tirer un coup de fusil, qu’ils étaient toujours en première ligne et qu’ils en avaient assez. Ils nous ont prévenus qu’ils seraient bientôt relevés par les Prussiens et qu’alors il faudrait faire bien atten­tion, mais qu’avec eux il n’y avait rien à craindre. En effet, ça fait 4 ,jours qu’à 25 m l’un de l’autre il ne s’est pas échangé un seul coup de fusil.
Nous étions amis des 2 côtés, bien sincères, et quand notre artillerie tirait sur leur ligne nous étions ennuyés pour eux et s’il avait fallu aller à l’assaut de leurs tranchées, je ne sais pas ce qui se serait passé.

 Dans la dernière attaque que nous avions faite, une vingtaine de nos morts sont restés, à quelques pas de leurs tranchées. Très poliment, un officier nous invita à aller les chercher, et que nous pouvions être certains. Nous avons refusé … Ils ont soigné nos blessés sans les faire prisonniers, l’un d’eux fut soigné pendant 5 jours. Vers le soir, c’était le 24, un Bavarois remit une lettre que notre Capitaine conserve précieuse­ment, elle était conçue ainsi, autant que je m’en rappelle: « Chers Camarades, c’est demain Noël, nous voulons la paix. Vous n’êtes pas nos ennemis. Ils sont de l’autre côté (probablement les Anglais). Nous admirons la grande Nation Française. Vive la France, bien des salutations. Signé: les Bavarois dits les Barbares »
 Juges…
La nuit vient interrompre nos échanges amicaux et minuit approche.
Tout à coup, tout près de nous on entend chanter au son de flûtes et d’un har­monium. C’étaient les Bavarois qui fêtaient Noël. Quelle impression ! D’un côté des chants religieux, de l’autre la fusillade, et tout ça sous un beau clair de lune en pleins champs, tout recouverts de neige. Quand ils eurent fini nous poussâmes des hourrah, hourrah …
A notre tour, le Capitaine le 1er, nous entonnâmes d’une seule voix: Minuit Chrétien, puis il est né le Divin Enfant. Ils nous écoutèrent, puis eux poussèrent des applaudissements et des bravos. Enfin,  trois qui savaient très bien l’Allemand chantèrent deux cantiques en chœur avec les Bavarois.
On m’aurait raconté cela je ne l’aurais pas cru, mais les faits sont là et ils se produisent un peu partout, mais mal­heureusement, ne serviront à rien.[…]|            
….Cette lettre vous parviendra peut être l’année prochaine, dans cette circonstance je m’empresse de vous offrir mes meilleurs vœux pour 1915. J’espère que cette ‘année reconstituera tout ce que 1914 a détruit, bonheur, foyers et espérances, et qu’elle appor­te la paix, le travail et la récompense tant méritée par les sacri­fices que cette guerre nous a forcés à faire.

Merci encore de toutes vos bontés. Recevez, mes chers Parents, mes meilleurs vœux de bonheur et de santé pour la nouvelle année et mes plus sincères baisers[…].
Votre fils qui vous aime. 

Louis BARTHAS (1879-1952) – Carnets de guerre de Louis BARTHAS, tonnelier, 1914-1918.

Cette Chronique fait référence à mes publications FB du 25 décembre 2022. 

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