Voyage en Egypte – 7/2023 – La Vallée des Nobles – Les Chroniques de l’Histoire
Mardi 28 mars, nous voici partis pour la Vallée des Nobles
En route avec notre guide Mamdouh et Monsieur Raymond, l’organisateur principal.
La tombe de Sennefer TT 96
Maire de Thèbes et intendant du jardin d’Amon sous le règne d’Aménophis II, Sennefer était l’un des principaux dignitaires de la cour, issu d’une famille riche et influente. Comme il convient à son rang, sa tombe est l’une des plus belles de la nécropole thébaine, mais aussi des plus insolites. La tome a été réouverte il y a peu de temps, après être restée fermée plus de cent ans. Elle a été restaurée et offre une chambre funéraire extraordinaire. Le plafond de cette chambre a reçu le nom de « tombe aux vignes » en raison de son décor. Cette tombe se situe une centaine de mètres au-dessus de celle de Rekhmiré (TT 100). Il n’a pas été possible de réaliser des plafonds plats et les décorations ont suivi la forme de la roche. Cela en fait une tombe magnifiquement originale. La surface ondulée et rugueuse donne l’impression de grappes peintes en 3 dimensions. La tombe a été peinte par au moins deux artistes de très grand talent et donne la part belle aux femmes de la famille de Sennefer qui lui montent toute leur affection.
La tombe de Rekhmiré TT 100
A l’apogée de sa carrière, Rekhmiré fut vizir de la Haute-Egypte, maire de Thèbes et possesseur d’une centaine d’autres titres importants. Son arrière-grand-père, son grand-père, et un oncle furent également vizirs, poste le plus important après le Roi. Rekhmiré se vantait « qu’il n’y avait rien qu’il ignorait dans les cieux, sur la terre ou dans le monde souterrain ». Cette hyperbole, pleine de vanité montrait quand même qu’il était l’un des hommes les mieux informés et des plus puissants d’Egypte. Rekhmiré exerça ses fonctions durant les dernières années du règne de Thoutmosis III et les premières d’Aménophis II, période prospère de l’Egypte ancienne. Rekhmiré suivait les projets en cours dans tout le pays, il gérait les vastes domaines royaux, les temples et l’administration civile, jugeait, surveillait les projets d’irrigation, participait aux cérémonies officielles, dirigeait les réunions administratives, maintenant la sécurité, donnait son aval pour le montant des impôts qu’il était aussi chargé de collecter.
La tombe d’Ouserhat TT 56
Le décor de la tombe est traditionnel de la palette de l’artiste dominée par des tons pastels où le rose domine. Malheureusement, de nombreuses parois ont été endommagées ou effacées. Ouserhat était un scribe. Sa tombe est en forme de T. Il était responsable de l’inventaire des céréales arrivant dans les boulangeries royales, recensant le nombre de pains produits, afin de réduire le vol et le gâchis et d’assurer une bonne répartition du pain. Cet emploi reflète bien la bureaucratie organisée et méticuleusement gérée du Nouvel Empire.
La tombe de Khaemhat TT 57
Khaemhat était directeur des greniers de Haute et de Basse Egypte et scribe royal. Lors de sa découverte en 1842, la tombe avait déjà beaucoup souffert. Des villageois y avaient vécu et leurs feux avaient noircis la tombe. Elle présente plusieurs statues. L’une avec Khaemhat et son épouse, l’une avec une femme inconnue et l’autre avec le scribe royal Imhotep.
La tombe de Ramose TT 55
Ramose assurait quelques principales fonctions du royaume. Il était noble héréditaire, vizir, maire, directeur des travaux royaux, juge, responsable des prêtres et des temples. Il portait aussi de nombreux titres honorifiques, s’enorgueillissait d’être « un faiseur de vérité et une ennemi de la tromperie ». Son grand-père était un général, son père, maire de Memphis et responsable des greniers d’Amon, tandis que ses proches occupaient des fonctions officielles importantes. Les scènes présentes dans la tombe sont d’une rare exécution. Ici, pas de scènes de la vie quotidienne. Seuls deux sujets sont traités : les funérailles de Ramose et sa relation avec le pharaon Aménophis IV. La banquet funéraire présente Ramose et son épouse ; regardez les détails des boucles des cheveux, c’est extraordinaire !
Un artisan de la Vallée des Nobles
La tombe d’Ouserhat TT 51
C’est un autre Ouserhat (à ne pas confondre avec le précédent TT56) qui vécut pendant les dernières années d’Horemheb et de Ramsès Ier, et mourut sous Séthi Ier. Il fut le premier prophète du KA royal de Thoutmosis Ier, roi du début de la XVIIIe dynastie, très admiré et honoré à la fin du Nouvel Empire, du fait de son rôle dans le développement de la nécropole thébaine. La tombe a été abimée par des inondations.
La tombe de Khonsou TT 31
La tombe date du règne de Ramsès II. Khonsou était le Premier Prophète dans le temple de Thoutmosis III et le fils du Premier Prophète du temple funéraire d’Aménophis III. Khonsou était le fils de Taousert (dont nous avons parlé dans l’article sur la vallée des Rois, puisque nous avons visité sa tombe). Dans ses fonctions de Premier Prophète, il assistait aux festivités annuelles se déroulant dans les temples du nome thébain (Division administrative de l’Égypte ancienne). Il suivait régulièrement la fête du Dieu de la Guerre Montou dans son temple d’Armant (Hermonthis) à une vingtaine de kilomètres au sud de Thèbes, sur la rive ouest du Nil.
La tombe de Benia TT 343
Benia, Aka Paheqamen (Benja) était pensionnaire de la nurserie royale, directeur du travail et des artisans du Seigneur des Deux Terres, ainsi que trésorier en chef. Il vécut pendant le règne de Thoutmosis III. A Thèbes, de nombreux nobles consacrèrent le décor de leur tombe à des scènes d’art et d’artisanat, aux tâches qu’ils effectuaient de leur vivant ou à la religion. De telles scènes sont rares dans la tombe de Benia où l’accent est mis sur la nourriture et la boisson.
Benia face à une table d’offrandes
La tombe de Nakht TT 52
Il était scribe et prêtre. Son nom signifie « fort », « puissant »
. Il porte les titres de « scribe »
et de « prêtre horaire d’Amon » ou « prêtre des heures d’Amon »
. Ces titres sont bien modestes, et comme nous l’avons signalé, on ne trouve aucune autre trace du personnage dans la documentation qui nous est parvenue.
Son titre de « scribe »
(souvent en seconde position) signifie que c’est un homme cultivé, tandis que le second, en Égyptien « Ounouti »
est d’occurrence si rare dans les autres tombes qu’il doit indiquer une fonction très secondaire qui donnait rarement la possibilité de posséder une tombe en propre. Le titre était à chaque fois suivi de « d’Amon »
, mais le nom du dieu a été effacé par les zélateurs d’Akhenaton.
Ce titre concerne une catégorie de prêtres ou de fonctionnaires dont la tâche exacte et le rang restent mal connus, même s’il semble clair qu’il désigne les membres d’une équipe qui devait accomplir son service à certaines heures de la nuit ou/et du jour. Il semblerait que l’on ait affaire à des personnes ne faisant pas partie intégrante du clergé ou de l’administration, qui n’habitaient pas dans le temple, mais qui consacraient une partie de leur temps à y accomplir certaines tâches, sans doute subalternes. Nous rendons le titre par « Prêtre horaire [d’Amon] »
, ou « Prêtre des heures »
. Le déterminatif de l’œil que l’on trouve à la fin de deux des versions du titre, ont fait supposer à certains que Nakht avait peut-être des fonctions en rapport avec l’astronomie, voire l’astrologie dans le temple d’Amon, bien que le mot « temple » ne soit jamais écrit nulle part. Le nom et les titres sont habituellement suivis de la formule classique « Juste de Voix »
que l’on interprète comme « justifié »
ou « défunt bienheureux »
, ou encore « feu Untel »
. La raison en est bien connue : à cette époque, la personne doit comparaître devant le tribunal funéraire des 42 dieux, présidé par Osiris. Le défunt doit rendre compte de sa vie sur terre, de ses actions, en les exposant devant le tribunal, essentiellement sous la forme dite de « la confession négative » qui consiste en une énumération des mauvaises actions que le défunt n’a pas commises. La célèbre scène de pesée du cœur sur la balance avec sur l’autre plateau la plume de la déesse de l’équilibre du monde, Maât, n’est pas représentée chez Nakht. Rappelons au passage que, contrairement à ce qu’on lit souvent, pour que le défunt soit déclaré « Juste de Voix », il ne faut pas que la plume soit plus légère que le cœur, mais qu’il y ait équilibre : un cœur trop lourd traduirait trop de mauvaises actions, mais un cœur trop léger traduirait de la passivité, de l’inaction, également condamnée par la morale égyptienne comme l’illustre le « conte des deux paysans ». La raison pour laquelle Nakht a pu réunir les moyens et l’autorisation de réaliser sa tombe, et d’y employer des artistes de talent, est et restera un mystère, sauf si un miracle nous faisait retrouver des documents parlant de lui. On peut par contre affirmer une chose : sa tombe date d’avant l’époque d’Akhénaton puisque le nom d’Amon est effacé, et nous pouvons avec une grande confiance dire que les travaux ont commencé sous Thoutmosis IV et se sont arrêtés (on ne peut pas dire achevés) sous Amenhotep III.
La tombe de Menna TT 69
Menna était scribe des champs du Seigneur des Deux Terres et des études castrales. Sa tâche était importante, et il consacra avec fierté l’essentiel du décor de sa tombe à présenter les différentes activités constituant sa vie professionnelle. Elle date de la fin du règne de Thoutmosis IV et du début du règne d’Aménophis III. Le décor de la tombe est un mélange de traditions et d’innovations. La créativité du peintre est évidente. Il respecta les obligations imposées, mais rajouta des touches humoristiques ; des personnages stéréotypés sur lesquels on voit leur émotion.
Fin de la journée, 10 tombes visitées, notre guide Mamdouh est aussi exténué que nous 🙂
Prochain article : LA VALLEE DES REINES
J’ai rédigé plusieurs articles à la suite sur mon voyage en Egypte, vous pouvez les retrouver sur ce site Internet rubrique Egypte.
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Sandra Di Giusto, Guide Conférencière, Auteure et Médiatrice du Patrimoine.