
Voyage en Egypte – 8/2023 – La Vallée des Reines – Les Chroniques de l’Histoire
Mercredi 29 mars, nous voici partis pour la Vallée des Reines.






Tombe du prince Khâemouaset – Kha Em Wast – fils de Ramsès III – QV 44
Imitant Ramsès II, son glorieux prédécesseur, sur de nombreux points, Ramsès III donne comme nom à ses principaux fils les noms des enfants royaux du grand pharaon de la XIXe dynastie. En ce qui concerne Khâemouaset, cette imitation ne se limita pas seulement au nom mais s’étend à sa fonction, puisqu’à l’instar de son célèbre homonyme, il occupe la haute responsabilité de prêtre-sem. La carrière de Khâemouaset au service du dieu memphite est cependant mal connue. Peu de monuments à son nom nous sont parvenus ce qui ne permet pas d’affirmer qu’il ait occupé de charges plus importantes comme celle de grand pontife du clergé memphite. Cependant, bien qu’il ne porte pas le titre de grand prêtre de Ptah, celui de prêtre-sem indique un rang élevé dans la hiérarchie cléricale du dieu Ptah et surtout un rôle essentiel dans les rituels religieux et funéraires pendant le règne de son père. À ce titre il a sans doute mené les cérémonies du jubilé ou fête-Sed de Ramses III qui se déroulaient à Memphis. Khâemouaset a survécu à son père comme le suggèrent les inscriptions de son sarcophage retrouvé dans son tombeau situé à Thèbes. Le fait qu’il se soit fait enterrer dans la capitale du sud, pourrait indiquer qu’il n’a exercé ses responsabilités de prêtre-sem que dans cette partie de l’Egypte. On notera que la tombe princière a été manifestement commandée du temps de Ramsès III, par volonté royale et dans le cadre d’un programme d’aménagement et de décoration de nombreux tombeaux pour sa famille et notamment ses principaux fils dans la vallée des Reines, transformant littéralement le secteur en nécropole familiale et dynastique.

















La tombe de Néfertari QV 66
Au XIIIe siècle av. J.-C., l’épouse bien-aimée du pharaon Ramsès II est ensevelie dans la plus belle sépulture de la Vallée des Reines. Mais l’amour n’est peut-être pas la seule raison de cet immense privilège…L’histoire de l’Égypte ancienne est prodigue en grandes figures politiques féminines. On pense évidemment aux véritables « pharaonnes » que furent Hatshepsout (v. 1479-v. 1457 av. J.-C.) et Cléopâtre VII (51-30 av. J.-C.), qui tinrent les rênes de l’État égyptien pendant plusieurs décennies. On songe également aux grandes reines du Nouvel Empire (1550-1090 av. J.-C.) : Néfertiti, qui partagea la vie d’Akhenaton (1371-1355 av. J.-C.), mais aussi Néfertari, la plus fameuse des huit épouses de Ramsès II (v. 1279-v. 1213 av. J.-C.). Si la première est connue par le splendide buste conservé aujourd’hui à Berlin, la seconde l’est avant tout par sa magnifique tombe de la Vallée des Reines. ar l’ampleur et surtout la finesse de ses décors, la tombe de Néfertari est sans aucun doute la plus belle de toutes celles que l’on trouve en Égypte. Aucun des vastes sépulcres de la Vallée des Rois n’offre un ensemble pictural aussi achevé. Non que le programme iconographique se signale par l’originalité de ses thèmes. Sans surprise, il relate le parcours effectué par l’âme de la défunte après que celle-ci est descendue dans le royaume des morts présidé par Osiris. Le point de départ de ce cheminement était la « salle de l’or », où se trouvait le sarcophage de la reine. Là se produisaient la gestation et la renaissance de son âme qui, en revenant dans l’antichambre, renaissait à la lumière avant de « sortir au jour », comme le soleil à l’aube de la journée. Au-delà de ce programme attendu dans une sépulture égyptienne du IIe millénaire av. J.-C., ce qui signale la tombe de Néfertari entre toutes tient à la netteté du dessin mis en valeur par un usage harmonieux de grands aplats de couleurs vives. Lorsqu’en 1904 l’égyptologue turinois Ernesto Schiaparelli pénétra dans l’édifice, il ne trouva que des éléments épars, des oushebtis (statuettes funéraires), quelques bijoux et des fragments de meubles. La tombe avait été depuis longtemps pillée. Mais la beauté des peintures murales suscita immédiatement l’enthousiasme du public et, durant près d’un demi-siècle, les touristes se pressèrent pour visiter la dernière demeure du « grand amour de Ramsès II ». Comme à Lascaux, ce défilé des visiteurs bouleversa le microclimat qui régnait là depuis deux millénaires. L’humidité induite par la respiration et la transpiration accéléra le ruissellement et la formation de cristaux de sel qui soulevèrent le support des peintures, tandis que les différents micro-organismes, champignons et moisissures importés de l’extérieur, proliférèrent dans un environnement confiné. Courageusement, les autorités égyptiennes prirent la décision de fermer la tombe au public en 1950. Il fallut attendre près de quarante ans pour que commencent les travaux de restauration conduits par l’équipe italienne de Paolo et Laura Mora. De 1988 à avril 1992, ces spécialistes consolidèrent et restaurèrent l’enduit mural en éliminant les retouches et les tentatives de restauration antérieures qui avaient été parfois réalisées en utilisant du plâtre industriel ! Ce n’est qu’en 1995 que le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes permit la réouverture de la tombe au public, moyennant un contingentement strict du nombre de visiteurs. C’est sous le règne de Ramsès Ier (v. 1295-v. 1294 av. J.-C.) que les reines commencèrent à bénéficier de tombeaux aménagés (et non de simples tombes à puits), situés au sein d’une nécropole spécifique. La Vallée des Reines accueillit ainsi les sépultures d’une centaine d’épouses royales, mais aussi de princes et, peut-être, de particuliers de haut rang. Un grand nombre de ces tombes étaient de facture médiocre ou demeurèrent inachevées. Comment expliquer dans ce contexte que la première épouse de Ramsès II ait bénéficié d’un ensemble funéraire de cette qualité ? L’amour qu’aurait éprouvé le pharaon pour sa femme est une explication qui ne manque pas de romantisme, mais qui se révèle, pour l’historien, difficile à vérifier. Si les inscriptions relatives à Néfertari abondent en épithètes amoureuses – « douce d’amour », « belle d’aspect », « pleine de charmes » – et incitent à croire que Ramsès II était profondément épris de sa femme, il convient toutefois de faire remarquer qu’une partie d’entre elles proviennent de la tombe de la reine, où – et c’est là un fait essentiel – le souverain ne figure nulle part ! En réalité, ce que nous savons de la biographie de Néfertari évoque davantage la femme de pouvoir que l’amoureuse éperdue. Le fait qu’elle soit native d’Akhmim, cité importante du nord de la Haute-Égypte, qui contrôlait à la fois le Nil et l’accès au désert occidental, est en soi révélateur. Cette ville avait en effet déjà donné une grande reine à l’Égypte en la personne de Tiy, épouse d’Amenhotep III (v. 1391-v. 1353 av. J.-C.), fille d’une puissante famille locale, mais aussi le pharaon Ay (v. 1346-1343 av. J.-C.), successeur de Toutankhamon, qui solda la crise politique ouverte par le règne d’Akhenaton. Les grandes familles d’Akhmim vivaient donc dans une grande proximité avec la couronne et constituaient un relais en Haute-Égypte pour une monarchie dont le centre de gravité avait alors tendance à se déplacer vers le nord, c’est-à-dire la région de Memphis et le delta du fleuve. Très vraisemblablement issue d’une de ces familles patriciennes du Sud, Néfertari demeura tout au long de sa vie fortement liée à sa ville d’origine. Ainsi, le pylône du temple funéraire de Ramsès II a conservé une représentation de la fête du dieu Min – le dieu local d’Akhmim – montrant la reine en train d’exécuter une danse devant un taureau symbolisant cette divinité. Devenue reine, Néfertari fut étroitement mêlée aux affaires de l’État. Dès la première année de règne de Ramsès II, elle participa à différentes cérémonies dont certaines étaient d’une importance politique capitale. Dans la tombe thébaine de Nébounenef, on la voit ainsi se tenir aux côtés de son mari lors de la cérémonie au cours de laquelle le défunt fut élevé par le pharaon à l’éminente fonction de grand prêtre d’Amon de Thèbes. La reine fut aussi associée à la politique étrangère de la monarchie. Une tablette cunéiforme découverte à Bogazköy, en Turquie, où se trouvait la capitale du royaume hittite, témoigne ainsi de la correspondance que Néfertari entretenait avec la reine Poudoukhep, épouse du roi hittite Hattousili III. On y voit les épouses des deux plus puissants monarques de l’époque échanger, outre des amabilités appuyées, bijoux et objets en or. Mais c’est à Abou-Simbel, face au temple semi-troglodytique qui lui fut consacré, que la puissance de Néfertari est la plus manifeste. À droite du grand temple dédié à Ramsès II se dresse en effet un édifice dédié au culte de la reine assimilée à la déesse Hathor. L’accès au sanctuaire est gardé par une série de statues colossales dont la majesté n’a rien à envier aux colosses royaux qui se dressent non loin de là. Le temple et la tombe témoignent ainsi des capacités politiques d’une reine sur laquelle Ramsès II, homme du Nord, issu d’une famille de militaires, sut s’appuyer pour imposer son emprise sur la Haute-Égypte. Installé dans sa capitale Pi-Ramsès (aujourd’hui Qantir), dans le delta oriental, Ramsès II avait besoin de l’appui des grandes familles patriciennes du Sud dont sa femme était issue. Outre un amour dont on ne peut que supposer l’existence, c’est bien cela que lui apporta la belle Néfertari d’Akhmim et qui valut à cette reine de reposer dans la plus belle des tombes d’Égypte.
Pour en savoir plus
• Néfertari. « L’aimée-de-Mout », C. Leblanc, Éditions du Rocher, 1999.
• Reines du Nil au Nouvel Empire, C. Leblanc, Bibliothèque des Introuvables, 2010.
• Reines d’Égypte. D’Hétephérès à Cléopâtre, C. Ziegler, Somogy, 2008.



























La tombe de Titi N° 52
Elle était la sœur et épouse de Ramsès III.









Tombe du prince Amonherkhépeshef – Amen Khopshef – fils de Ramsès III – N°55


Fils aîné de Ramsès III et de la grande épouse royale Iset, Amonherkhépeshef est né avant l’accession au trône de son père. Un temps désigné héritier en titre du trône d’Horus, il ne survit pas à son père et cède la place en qualité de prince héritier à ses frères. En tant qu’héritier du roi, Amonherkhépeshef a eu le privilège de se faire aménager une sépulture dans la vallée des Reines sur la rive occidentale du Nil. La tombe très bien préservée est conçue sur un plan rectiligne menant après la descenderie et plusieurs corridors, à la salle du sarcophage qui est toujours en place. Les fresques du tombeau mettent en scène le prince dans différents costumes, dont celui classique des enfants royaux avec le crâne rasé orné d’une longue natte pendant sur un côté de la tête. Il accompagne son père Ramsès III faisant des offrandes aux dieux ou est introduit auprès des divinités souterraines par pharaon.












Prochain article : LA VALLEE DES ARTISANS – Deir El-Medineh
J’ai rédigé plusieurs articles à la suite sur mon voyage en Egypte, vous pouvez les retrouver sur ce site Internet rubrique Egypte.

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Sandra Di Giusto, Guide Conférencière, Auteure et Médiatrice du Patrimoine.