Voyage en Egypte – 9/2023 – La Vallée des Artisans – Deir El-Médineh- Les Chroniques de l’Histoire

Voyage en Egypte – 9/2023 – La Vallée des Artisans – Deir El-Médineh- Les Chroniques de l’Histoire

Le site a été choisi au début du Nouvel Empire, probablement sous le règne de Thoutmosis Ier, lorsqu’il a été décidé que les tombes royales seraient creusées non loin de là, dans la Vallée des Reines et la Vallée des Rois. L’emplacement des chantiers royaux était alors directement accessible par les artisans chargés des travaux. Le village a connu plusieurs phases d’agrandissement avant d’être abandonné à la fin de la XXe dynastie, durant le règne de Ramsès XI. Les habitants qui vivaient là étaient placés sous la tutelle du vizir et entièrement pris en charge par l’administration royale qui leur fournissait à la fois leur moyen de subsistance, comme les denrées alimentaires, les combustibles, les vêtements, ainsi que les outils et matériaux utilisés pour leur travail. Chaque foyer bénéficiait d’une maison et d’une concession funéraire dans le cimetière occupant le flanc de la colline à l’ouest du village. Le travail de chantier était très organisé, réparti entre deux équipes : l’équipe de gauche et celle de droite. Chacune était composée d’un chef des travaux assisté de surveillants, de scribes comptables, de tailleurs de pierre, de sculpteurs, de peintres, de maçons, de charpentiers. Des habitations plus rudimentaires aménagées sur une crête de la montagne et près des tombes royales permettaient aux équipes de ne pas avoir à retourner chaque jour jusqu’au village dans le vallon de Deir el-Médinet.

Liste des propriétaires des tombeaux du site
TT1
TT2
TT3
TT4
TT5
TT6
TT7
TT8
TT9
TT10
TT210
TT211
TT212
TT213
Senedjem
Khâbekhnet
Pachedou
Qen (ou Ken)
Néferabet
Nebnéfer (ou Néferhotep)
Ramosé
Khâ et Mérit son épouse
Amenmosé
Kasa (ou Penbouy)
Raoueben
Paneb
Ramosé
Penamon
TT214
TT215
TT216
TT217
TT218
TT219
TT220
TT250
TT265
TT266
TT267
TT268
TT290
Khâoui
Aménémonet
Néferhotep
Ipuy
Amenakhte et Iymouay
Nebenmaât
Khâemteri (ou Khâemter)
Nebenmaât / Ramosé
Aménémonet
Amenakhte
Hay
Nebnakhte et sa famille
Irinoufer (ou Irounéfer)
TT291
TT292
TT298
TT299
TT321
TT322
TT323
TT325
TT326
TT327
TT328
TT329
TT330
Nakhtmin (ou Nu)
Pachedou
Baki (ou Ouennéfer)
Inherkhâou (ou Inherkau)
Khâemopet
Penchenabou
Pachedou
Simen ?
Pachedou
Tourobay
Hay
Mosé, Mosé et Ipy
Karo
TT335
TT336
TT337
TT338
TT339
TT340
TT354
TT355
TT356
TT357
TT359
TT360
TT361
Nakhtamon
Néferrenpet
Eskhons (ou Ken)
May
Huy et Pachedou
Amenemhat
Nom inconnu
Amenpahapy
Amonemouia
Thoutihermaktouf
Inherkhâou
Qeh
Huy

Tombe d’Inherkhaou – Anherkha N° 359

C’est la sépulture du contremaître Inerkhaouy, fils de Hay, chef de l’une des deux équipes d’artisans du village qui œuvrait sous les règnes de Ramsès III et Ramsès IV. Sa femme s’appelle Ouab. La tombe est intégrée dans un complexe funéraire familial qui englobe sur une vaste terrasse de vingt-huit mètres de long sur quatorze mètres de large les tombeaux d’Inerkhaou(y) (TT359), de son grand-père Qaha (TT360) et de son arrière-grand-père Houy (TT361).

Tombe de Sennutem – Sennendjem TT1

Sennedjem a vécu à la XIXème Dynastie, sous le règne du pharaon Sethy I et les premières années de Ramsès II. Il a été inhumé dans le caveau de sa tombe TT 1, probablement autour de l’an deux du règne de Ramsès. Après trois mille années de repos paisible, la sépulture fut – hélas pour lui et sa famille – redécouverte en 1886. La tombe TT 1 est exceptionnelle. Voici ce qu’en dit Bernard Bruyère, le grand égyptologue français qui a dégagé presque tous les monuments de Deir el-Medineh : « La tombe N°1 est non seulement une des plus belles et des mieux conservées de Thèbes, mais c’est, de plus, un exemple parfait, complet et typique d’un grand tombeau de famille comprenant les quatre composants réguliers, la cour et les chapelles accessibles aux vivants, le puits et le caveau réservés aux morts« . Sennedjem portait le simple titre de  « celui qui entend la parole dans la Place de Vérité » ou, plus brièvement, « serviteur dans la Place de Vérité« . La Place de Vérité désigne la nécropole royale thébaine. Tous les ouvriers de Deir el-Medineh s’occupant de la tombe royale portent ce titre. Il n’était pas ébéniste, comme le pensait Bruyère, mais maçon. Il exerçait donc un métier très répandu dans la communauté de Deir el-Medineh. Ce qui soulève immédiatement une question : comment est il possible qu’un simple maçon ait eu assez d’influence et de moyens pour avoir une tombe et des objets aussi splendides ? L’hypothèse en vogue fait intervenir les relations qu’entretenaient Sennedjem et sa famille avec le culte d’Hathor, attestées dans la tombe de son fils Khabekhnet. Les fonctions qu’ils y exerçaient ont pu leur donner une prééminence sur le reste des membres de la communauté. La tombe de Sennedjem peut être considérée comme collective, car se trouvaient réunies dans le même caveau trois générations au moins de la même famille.
Ce ne sont en effet pas moins de vingt corps qui furent découverts. Neuf d’entre eux possédaient de très beaux cercueils anthropoïdes, simples ou doubles, finement peints et vernis. Il s’agit de Sennedjem, de son épouse Iyneferti, de son fils Khonsou et de sa femme Tamaket, de ses autres enfants Parahotep, Taashsen, Ramose, Isis et enfin, d’une petite fille nommée Hathor. Onze autres n’avaient pas de cercueils. Il est probable qu’il s’agissait des membres de la famille n’ayant pas eu assez de fortune pour s’offrir autre chose que des linceuls et des bandelettes et à qui le chef de famille a offert de partager sa sépulture.
A cette liste, il faut ajouter deux foetus contenus dans des boîtes en bois jaune anépigraphes.

Tombes Deir El Medineh dites monochromes

Amennakht, son fils Nebenmaât et son petit-fils Khaemter disposent de trois tombes voisines qui bénéficient de parties communes et de trois chapelles de surface contiguës. Ces trois tombes de la XIXe dynastie découvertes à la fin du XIXe siècle mais ouvertes seulement en 1928 ne sont accessibles au public que depuis 2016.

Vues du village

Tombe de Nakhtamon – Nakht Amun N°335

Il était un artisan de l’époque de Ramsès II. Outre sa fonction professionnelle, Nakhtamon était aussi prêtre pur (ouab) du culte d’Aménophis 1er divinisé, ce dont il était manifestement très fier.

Tombe de Pashedu TT3

Pashedu a vécu à Deir El Medhinet sous les règnes de Séthi Ier et de Ramsès II. Il était serviteur de la Place de la Vérité. Sa spécialité était la maçonnerie de pierre, c’est-à-dire qu’il était responsable du creusement des tombes dans la Vallée des Rois, qu’il supervisait le travail effectué à l’aide des hachettes pour former des corridors et des salles à piliers. Après plus de 30 marches, on accède à la chambre funéraire par un couloir présentant Anubis en chacal allongé sir de grandes chapelles blanches ornées.

Le temple de Deir El Médineh

Au Nord du village se dresse un temple de l’époque ptolémaïque, dont la muraille de brique crue et les magasins ont été conservés. Transformé en couvent à l’époque copte, c’est à lui que l’on doit l’appellation du site, Deir el-Medinet, le « monastère de la ville ». Le temple est dédié à Hathor et à Maât, mais aussi à deux personnages divinisés, Imhotep et Amenhotep, tous deux architectes (le premier est celui de la pyramide à degrés de Saqqarah, le second celui du temple de Louxor). Sa structure est simple : une salle soutenue par deux colonnes à chapiteaux composites, un vestibule (décoré de scènes de Ptolémée IV adorant les divinités) donnant accès au sanctuaire, entouré de deux chapelles latérales. Dans celle de gauche figure la scène du jugement de l’âme par la pesée du cœur, habituellement réservée aux tombes. Sept figures d’Hathor encadrent la porte du sanctuaire central. A l’arrière du temple, on peut jeter un œil au Grand Puits, excavation profonde de 40m, où l’on découvrit près de quatre mille ostraca. Un ostracon, au pluriel ostraca, est, dans l’Antiquité, un tesson de poterie ou un éclat de calcaire utilisé comme support d’écriture.

Prochain article : MEDINET HABOU

J’ai rédigé plusieurs articles à la suite sur mon voyage en Egypte, vous pouvez les retrouver sur ce site Internet rubrique Egypte.

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Sandra Di Giusto, Guide Conférencière, Auteure et Médiatrice du Patrimoine.


 Egypte

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