La Mobilisation – 2 août 1914
Le samedi 1 er août 1914, en plein après-midi, les cloches des églises des campagnes sonnent à la volée pour annoncer la déclaration de Guerre et la mobilisation des soldats. Personne ne se doute encore qu’elles annoncent un conflit qui va durer 1561 jours. Celle qu’on appellera la Premier Guerre Mondiale emportera plus 1 400 000 hommes, partis, vaillants, la fleur au fusil et laissant derrière eux, femmes et enfants qui deviendront pour beaucoup des milliers de veuves et d’orphelins.
Vers 16 h de l’après-midi, alors que l’on est en pleines moissons par un temps de grande chaleur, les blés sont mis en gerbes et les cloches de l’église se sont mises à sonner à toute volée… Elles annonçaient la déclaration de guerre.
C’est le déchirement pour les familles, même si au début de la guerre, le sentiment patriotique est fort. On est heureux de servir la Nation. C’est un devoir que l’on a à cœur de remplir. De plus, on pense que la guerre sera courte et que l’on reviendra bientôt. Les hommes sont plus inquiets de laisser les moissons, leur famille, femmes et enfants…
Voici un tableau qui représente merveilleusement bien le départ des poilus.
Le tableau Le Départ des poilus, août 1914, accroché dans la Gare de l’Est, est l’œuvre du peintre américain Albert Herter (1871-1950) qui l’offrit à la France en 1926.
C’est une peinture monumentale de 60 m2 soit 12 m sur 5 m
C’est à la fois une fresque historique mettant en scène le départ des soldats mobilisés en août 1914 – l’œuvre du peintre compte plusieurs tableaux à sujet historique, comme ceux qui ornent la Chambre d’audience de la Cour suprême du Wisconsin à Madison, et l’hommage intime du peintre à son fils aîné, Everit, engagé volontaire dans les troupes américaines et décédé dans l’Aisne, près de Château-Thierry, en 1918.
Une scène de départ
Cette histoire personnelle est essentielle dans la composition du tableau : Everit Herter est représenté au centre, les bras levés vers le ciel, la fleur au bout du fusil, pour dire à la fois l’ardeur de cet engagé volontaire et peut-être aussi son destin tragique. De manière symétrique par rapport à ce personnage central, aux deux extrémités du tableau, sont représentés ses parents, à gauche sa mère, les mains jointes, à droite, son père, le peintre lui-même, le buste incliné vers l’avant, une main sur le cœur, l’autre tenant un bouquet de fleurs, comme s’il s’inclinait sur la tombe de son fils enterré en France.
Ces trois personnages sont les acteurs et les témoins de la mobilisation lors de l’entrée en guerre. Le tableau n’est pas une représentation exacte du départ des soldats – en août 1914, les familles n’ont pas eu accès au quai et les soldats ne portaient pas leur uniforme – mais il témoigne de l’état d’esprit des soldats et de leur famille au moment du départ. L’allégresse, ou peut-être, plus justement, la détermination du personnage central, est contrastée par l’attitude de nombreux personnages du tableau : ceux, dans la partie supérieure de la fresque, qui sont déjà installés dans les wagons et qui regardent le quai avec gravité ; ceux, dans la partie inférieure, qui quittent leurs familles avec émotion.
Toutes les générations sont représentées. Plusieurs jeunes pères enlacent leurs femmes ou leurs enfants : devant le wagon de gauche, un soldat embrasse son bébé sous le regard de sa femme avant de monter dans le train ; au pied du wagon du milieu, un autre mobilisé, serre dans ses bras sa femme aux jupes de laquelle s’accroche leur fils ; à droite, un troisième s’est accroupi pour dire au revoir à ses enfants. Outre lui-même et sa femme, Albert Herder a représenté parmi ces familles, des personnages plus âgés, probablement des pères et mères de soldats mobilisés : au milieu du tableau un homme assis sur une caisse, la tête dans les mains, est réconforté par son épouse.
Cette fresque est révélatrice du caractère ambivalent de l’opinion lors de la mobilisation, telle que la décrivent aujourd’hui les historiens, une opinion partagée entre détermination et résignation, moins enthousiaste, plus réservée que ce que l’image courante de soldats partis « la fleur au fusil » a parfois laissé croire. (Mémorial de Paris)
Plus qu’un conflit avec l’Allemagne, cette guerre fut mondiale avec la venue de soldats de toute la France et de son Empire. Je vous raconte tout cela dans une série de vidéos qui sera clôturée par celle du 11 novembre.
Vidéo n°1 : La Mobilisation
Merci de votre lecture et écoute.