Notre-Dame de Paris, la Reine des Cathédrales
En partie sauvée des flammes du terrible incendie du 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris reste la Reine des cathédrales dans le cœur des Français.
Dix secrets de la grande Dame.
Retour sur l’histoire d’une vieille dame de plus de 850 ans.
1 – Un fondateur modeste
L’évêque Maurice de Sully, qui lance la construction en 1163, est le fils d’un tâcheron et d’une bûcheronne. Élevé chez les moines près de Sully, il est envoyé à Paris pour poursuivre ses études, puis il intègre le prestigieux chapitre de Notre-Dame, avant d’être élu évêque par ses pairs. Un jour, alors que sa mère lui rendait visite parée comme une bourgeoise, il lui imposa de s’habiller comme la paysanne qu’il avait toujours connue.
2 – Construite sur quatre églises
Les dernières hypothèses archéologiques estiment que pas moins de quatre édifices religieux différents se sont succédé sous l’actuelle cathédrale, tous construits sur le même emplacement de l’île de la Cité. Une église paléochrétienne du IVe siècle, une basilique mérovingienne, une cathédrale carolingienne et une romane probablement déjà dédiée à Notre-Dame), qui fut démolie au fur et à mesure de la construction de la cathédrale actuelle, les pierres sacrées étant parfois retaillées ou utilisées pour les fondations.
3 – Une cathédrale tordue
Le chœur de Notre-Dame, situé plein est dans l’axe du soleil levant, ne forme pas une droite parfaite avec la nef centrale, son plan étant très légèrement désaxé sur la gauche. La tradition veut qu’il s’agisse d’une vieille coutume symbolisant la tête affaissée du Christ sur la croix.
4 – La plus vieille statue
Il s’agit de la Vierge en majesté sur le tympan du portail Sainte-Anne, à droite de la façade, portant son fils sur les genoux. Un chef-d’œuvre de l’art roman, datant sans doute du milieu du XIIe siècle, qui appartenait à l’ancienne cathédrale et que les tailleurs de pierre ont réutilisé sur ce portail. Il fut épargné par la Révolution.
5 – Star du Moyen Âge
Quand la nef est achevée à la fin du XIIe siècle, Notre-Dame de Paris est l’édifice chrétien le plus grand du monde occidental et le reste durant toute la première partie du XIIIe siècle, jusqu’à l’édification d’autres cathédrales, comme celles de Chartres et de Reims. Elle symbolise la richesse et la puissance de la capitale capétienne de Philippe Auguste.
6 – Une forêt sous les toits
Vingt et un hectares de chênes ont été engloutis pour réaliser l’une des plus imposantes charpentes du XIIIe siècle, surnommée « la forêt ». Chaque poutre provient d’un arbre différent, 1 300 chênes furent abattus, certains datant du IXe siècle !
7 – Charivari autorisé
On connaît la Fête des fous romancée par Victor Hugo. Il s’agissait en réalité d’une inversion des pouvoirs organisée par les jeunes clercs du 28 décembre jusqu’au 6 janvier, dates qui correspondent au changement calendaire. Le maître de la fête trône près de l’évêque, dirige des chants, parodie la hiérarchie. On va jusqu’à danser, manger sur l’autel et faire brûler de vieilles savates dans les encensoirs ! Tolérée, encadrée, puis réprimée, la fête disparaît au XVIe siècle.
8 – Menacée de destruction
Sous la Révolution, l’édifice n’est plus que l’ombre de lui-même : trésor pillé, statues détruites, flèche écroulée… On envisage même de le raser et de vendre les pierres ! Il faut attendre le fameux roman de Victor Hugo, en 1831, conjugué à la redécouverte du patrimoine français, pour que soit lancé le projet d’une grande restauration.
9 – Violet-le-Duc immortalisé
Le célèbre architecte qui consolide et embellit la cathédrale au milieu du XIXe siècle est représenté dans le groupe des apôtres, situé au pied de la nouvelle flèche qu’il fait édifier. On le reconnaît sous les traits de saint Thomas, patron des architectes. Il est le seul à se retourner, comme pour contempler son œuvre…
10 – Des reliques sur le toit
La flèche centrale comprend trois reliques inestimables du haut de ses 93 mètres : un fragment de la couronne du Christ, une relique de saint Denis, premier évêque de Paris, et une autre de sainte Geneviève, patronne de la capitale, dont l’abbaye fut longtemps l’une des plus célèbres de la ville. Elles se trouvent toutes dans le fameux coq qui domine la cité.
LE POINT ZÉRO DES ROUTES DE FRANCE
Le saviez-vous ?
La cathédrale sert de référence pour le calcul des distances entre Paris et les autres villes de France. Le « point zéro » utilisé par les cartographes est précisément matérialisé non pas dans le monument, mais sur le parvis, sous la forme d’une plaque en bronze représentant une rose des vents, installée en 1924. Il sert de départ aux routes nationales reliant les principales directions en France. Les points zéro sont généralement situés dans des monuments emblématiques des grandes villes : le sommet du Capitole à Rome, la statue équestre de Charing Cross à Londres, la Puerta del Sol à Madrid, la Maison Blanche à Washington…
Ce repère routier ne doit pas être confondu avec le « point géodésique » qui était situé sur la pointe de la flèche de Notre-Dame. Ces points, dont les coordonnées de localisation sur le globe sont connues avec précision, sont généralement situés en hauteur. Ils servaient, surtout avant la généralisation des GPS, de repères pour déterminer les distances et les coordonnées d’autres éléments. Après l’effondrement de la flèche, les points géodésiques les plus proches sont ceux situés à l’église Saint-Paul-Saint-Louis (4e arrondissement), au Panthéon (5e) et à Saint-Sulpice (6e).
LA SAINTE COURONNE
La Sainte Couronne ou couronne du Christ est, selon la tradition chrétienne, la couronne d’épines posée sur la tête du Christ avant sa crucifixion.
Cet instrument de la Passion, mentionné dans les Évangiles canoniques attribués à Marc, Matthieu et l’Évangile attribué à Jean, est évoqué par les premiers Pères de l’Église comme Clément d’Alexandrie ou Origène. Faisant partie des reliques attribuées à Jésus, elle devient un symbole chrétien.
Plusieurs sanctuaires revendiquent posséder cette relique. L’archevêché de Paris prétend la posséder au sein du trésor de la Sainte-Chapelle mais il est fait mention de la Sainte Couronne ou un de ses fragments au Palais électoral de Munich, en la basilique San Domenico de Bologne, en la cathédrale de Pise ou de Trêves, sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agit d’une relique de première classe (don d’une Sainte Épine qui a été enchâssée dans un reliquaire en forme de couronne d’épines) ou de contact (transfert de la sacralité de la Sainte Épine en la mettant en contact avec un morceau de bois devenant lui-même une relique).
LA TUNIQUE DE SAINT LOUIS
Cette relique, appelée usuellement chemise de Saint Louis est une chemise réputée avoir appartenu au roi de France, Louis IX, appelé Saint Louis et signe de sa piété
Composée d’un tissu de lin blanc, elle mesure 43 cm sur 111. Une manche est manquante et elle présente des traces de sang. Un parchemin cousu sur la tunique indiquait que c’était celle de Saint Louis. La chemise date du XIIIe siècle et elle faisait partie de l’inventaire de la Sainte Chapelle en 1480. Elle est transférée à Saint-Denis en 1791 et à la Bibliothèque Nationale de France en 1793. C’est en 1804 qu’elle rejoint Notre-Dame, à l’occasion du sacre de Napoléon Ier.
Elle est classée au titre des objets des Monuments Historiques en 1974. Elle fut, comme la couronne, sauvée de l’incendie du 15 avril 2019.
LES CLOCHES ET LE BOURDON
Vingt et une cloches de bronze composent la sonnerie de Notre-Dame dont le bourdon est la plus ancienne. Elles sonnent les heures et des moments clés de la vie de l’Église ou de l’Histoire de Paris. Elles portent toutes un prénom en hommage à une personnalité de l’Église.
La plus grosse des cloches de Notre-Dame est située dans la tour sud. En campanologie, elle se nomme « bourdon ». Elle sonne pour les grandes occasions comme les fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte, ou la Toussaint et lors d’évènements comme la mort ou l’élection du Pape.
Le bourdon de Notre-Dame est fondu en 1683 et baptisé Emmanuel par son parrain Louis XIV. Cette cloche, considérée comme l’une des plus belles d’Europe, sonne en fa dièse. Son diamètre à la base est de 2,62 m pour une épaisseur de 21 cm. Il pèse 13 tonnes, dont 500 kilos pour son battant.
Un ensemble de vingt cloches
Chaque cloche est régulièrement refondue. Depuis 1769, la sonnerie est constituée d’un ensemble de vingt cloches :
- Huit cloches dans la tour nord,
- Deux bourdons dans la tour sud Marie (fondue en 1378, 1396, 1402, 1430, 1451 et 1472) et Emmanuel (à l’origine Jacqueline, fondue au XIVe s. puis en 1430, 1451, 1480. En 1680, il est
- Baptisé Emmanuel et son poids est augmenté.
- Sept cloches dans la flèche,
- Trois cloches au niveau du transept nord pour la sonnerie de l’horloge.
Les affres de la Révolution n’épargnent pas les cloches de Notre-Dame. Elles sont descendues, brisées et fondues en 1791 et 1792. Seul le bourdon Emmanuel, pièce maîtresse de l’ensemble, est épargné et replacé dans sa tour en 1802 sur ordre de Napoléon Ier. En 1856, quatre cloches sont installées dans la tour nord et en 1867, trois autres dans la flèche puis trois autres encore dans le comble. Les six cloches étaient reliées à l’horloge monumentale installée dans la charpente.
La mauvaise qualité du métal des quatre cloches de la tour nord engendrait des discordances harmoniques et une mauvaise qualité acoustique. Elles sont toutes remplacées en 2013 à l’exception du bourdon Emmanuel, reconnu pour son excellence sonore. La fonderie Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles réalise les cloches de la tour nord, le bourdon Marie à la fonderie Royal Eijsbouts aux Pays–Bas.
Le choix des prénoms des nouvelles cloches rend hommage à des personnalités ayant marqué la vie du diocèse et de l’Église.
La tour sud abrite le bourdon Marie. Ce prénom rend hommage à la mère du Christ, protectrice de la cathédrale Notre-Dame, et en souvenir du premier bourdon Marie en place entre 1378 et 1792.
La tour nord reçoit huit cloches, par ordre décroissant de taille :
- Gabriel, en hommage à l’ange Gabriel de l’annonciation. La plus grosse cloche de la tour nord porte déjà ce prénom au XVe siècle.
- Anne-Geneviève, en mémoire de sainte Anne, mère de Marie et de sainte Geneviève, patronne protectrice de Paris.
- Denis, en l’honneur de saint Denis, premier évêque de Paris,
- Marcel, en l’honneur de saint Marcel, neuvième évêque de Paris au Ve siècle,
- Étienne, en souvenir de l’ancienne église cathédrale de Paris placée sous la protection de saint Étienne,
- Benoît-Joseph, en souvenir de Benoit XVI, pape au moment de leur consécration en 2013, lors du 850e anniversaire de la cathédrale Notre-Dame de Paris,
- Maurice, en mémoire de l’évêque de Paris, Maurice de Sully qui pose la première pierre de la cathédrale en 1163,
- Jean-Marie, en hommage au cardinal Jean Marie Lustiger, 139e archevêque de Paris, de 1981 à 2005.
Sources :
- Le point, avril 2019
- Site Internet – Notre-Dame de Paris
- Notre Dame de Paris – Guide Touristique
- La Grâce d’une Cathédrale – Collectif – La Nuée Bleue
MERCI DE VOTRE LECTURE.