L’incroyable destin d’Agnès Sorel – Favorite du roi Charles VII
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Demoiselle de compagnie d’Isabelle de Lorraine, duchesse d’Anjou, elle est remarquée par Charles VII, de vingt ans son aîné, autour de 1443. Elle entre alors au service de la reine Marie d’Anjou.
Agnès Sorel acquiert bientôt le statut de favorite officielle, une nouveauté à la cour. Elle apporte à cette cour un souffle nouveau et une mode avant-gardiste qui mettent en émoi l’austère entourage du roi. Si elle bénéficie d’appuis et de partisans, elle doit aussi faire face à l’hostilité de certains, à commencer par le dauphin Louis (futur Louis XI). Il l’insulte en public et la menace, au point d’être exilé par le roi en Dauphiné.
Le château de Loches devient l’une de ses résidences favorites. Elle donne au roi trois filles qu’il reconnaît officiellement. Charles VII lui offre de somptueux cadeaux et domaines, dont le château de Beauté-sur-Marne, qui lui vaut son surnom de « Dame de Beauté ».
SUR CE TABLEAU : Jean Fouquet la représente sous les traits d’une Vierge allaitante. Le corsage est lacé à la gourgandine, un sein entièrement découvert. Elle porte une couronne de perles comme peut-être aucune reine n’a encore portée jusque-là, et elle est vêtue de même, avec un manteau d’hermines. Elle a le front large, les yeux bleus, la chevelure blonde, le teint d’albâtre, elle est presque une Madone de la Renaissance.
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Le roi Charles VII avait offert le plus gros diamant taillé qu’on l’on n’avait encore jamais vu à Agnès Sorel. Ce diamant avait coûté au roi 30 000 écus (une montagne d’or). Charles couvrait Agnès de cadeaux.
Après sa mort, aucun des bijoux d’Agnès ne fut retrouvés : MYSTERE : où sont-ils passés ? Personne ne le sait.
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La reconstitution du visage d’Agnès Sorel d’après son masque funéraire et le visage de son tombeau. La reconstitution 3D a permis de faire revivre la favorite de Charles VII, décédé le 9 février 1450.
Meurtre, suicide ou empoisonnement ?
Agnès était alors enceinte de 7 mois. Elle avait décidé de rejoindre le roi en plein hiver à Jumièges. Elle devait le prévenir d’un énième complot contre lui.
Arrivée là-bas, son état s’est très vite dégradé. Elle fit une fausse couche et décéda quelques jours plus tard d’un « flux de ventre ».
En 2005, des scientifiques dont le Dr Charlier ont travaillé sur les restes d’Agnès Sorel pour aboutir à la conclusion que cette dernière avait été empoisonnée au mercure. Mais ce que personne ne peut affirmer s’il s’agit d’un assassinat, d’un suicide ou encore d’une mauvaise dose thérapeutique.
En effet, Agnès Sorel souffrait depuis des années d’infection parasitaire intestinale par l’ascaris ( un vers qui peut atteindre 25 cm de long), et on peut penser que des sels de mercure lui ont été administrés comme traitement vermifuge. Agnès avait pris du mercure en très grande quantité avant sa mort.
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Agnès Sorel est décédée à l’abbaye de Jumièges en 1450, d’une « émission de flux de ventre » nous disent les textes de l’époque.
Comme nous l’avons vu dans l’article d’hier, Agnès est morte empoisonnée au mercure. Mais le mystère reste entier : il n’est pas possible de dire si elle a été assassinée, si elle s’est suicidée, ou si elle a reçu un mauvais dosage thérapeutique puisqu’elle était soignée depuis des années pour des infections intestinales d’ascaris…
Son cœur et ses viscères sont restés à Jumièges et son corps fut inhumé à la collégiale Saint-Ours de Loches.
Un artiste fut chargé par Charles VII, très éploré, de sculpter un monument d’une grande élégance. Nous ignorons qui était cet artiste ; les historiens hésitent entre Michel Colombe, à qui l’on doit les enfants de la cathédrale de Tours sculptés pour Anne de Bretagne, et Jacques Morel, un autre sculpteur de l’époque. Peut-être s’agit-il de l’œuvre d’un artiste inconnu. Il n’en reste pas moins que ce tombeau rappelle étrangement les monuments dessinés par Jean Fouquet.
Ce monument est fort connu aux environs de Loches. C’est une statue d’albâtre allongée sur un large socle de marbre noir, dont certaines faces portent en épitaphe des inscriptions sculptées en ce Moyen Âge s’achevant et dont les lettres gothiques.
La représentation d’Agnès montre un visage calme, serein et très jeune. Elle est vêtue d’un surcot bordé d’hermine et ses cheveux sont ceints d’une couronne signifiant le titre de duchesse que le roi Charles VII, lui avait décerné, mais qu’elle avait refusé, probablement pour ne pas attiser les jalousies et les ressentiments dont elle était l’objet à la cour de Charles.
Le coussin ou carreau sur lequel s’appuie la tête est soutenu par deux anges et les nombreux plis de la jupe recouvrent une partie du corps des deux agneaux à ses pieds qui rappellent symboliquement son prénom.
Le tombeau fut profané à la Révolution, les restes jetés dans le cimetière puis récupérés et étudiés en 2004-2005 pour donner lieu à des études scientifiques afin de savoir :
– si les ossements contenus dans l’urne appartiennent bien à Agnès Sorel, les différents déplacements et la profanation qui a eu lieu pendant la Révolution, ont suscité des interrogations ;
– de savoir quelle est la cause réelle de la mort d’Agnès Sorel : d’un « flux de ventre » (hémorragie à la suite de son accouchement) ou empoisonnement ?
– et de mieux connaître sa date de naissance.
Ces études ont montré :
– qu’il s’agit bien en toute vraisemblance d’Agnès Sorel : l’analyse des stries de cément dentaire met en évidence que l’âge des restes est cohérent avec celui d’Agnès Sorel à sa mort et qu’elle a eu trois grossesses (sa quatrième grossesse, à laquelle l’enfant n’a pas survécu, n’apparaît pas sur les stries car la minéralisation du cément est lente et décalée) ; la reconstitution du visage semble correspondre au portrait de son gisant ;
– qu’elle est morte d’une intoxication au mercure, sans que l’on puisse dire si cela a été accidentel ou volontaire (des traitements à base de sels de mercure étaient usuels à cette époque).
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Sculpture de marbre blanc d’après son masque mortuaire conservé à l’hôtel Lallemant à Bourges et attribué à Francesco da Laurana XVe siècle. Il était un sculpteur, médailleur et architecte Italien.
Les masques mortuaires étaient moulés sur les visages des défunts afin de pouvoir ensuite conserver un portrait fidèle en 3 dimensions et le restituer sous forme de sculpture par exemple.
Il est généralement en cire ou en plâtre moulé et conserve les détails physiques avant l’inhumation.
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Il fut considéré comme le plus grand ami d’Agnès Sorel et pourtant, lors de la mort de cette dernière, il fut le premier soupçonné d’avoir tué la favorite.
QUI ETAIT JACQUES COEUR ?
Jacques Cœur était un richissime commerçant de Bourges qui devint fournisseur de la Cour et Argentier du roi Charles VII. Il fournissait abondamment Agnès Sorel, la favorite, en pierres précieuses et en soieries.
Sa devise : « A cœur vaillant, Rien d’impossible ! « .
Jacques Cœur a quand même été l’un des découvreurs des Nouveaux Mondes, bien avant les grandes découvertes 50 ans plus tard. Il navigue vers le Moyen Orient, ses navires partent en Syrie, en Egypte, à Damas, avant même que les Portugais découvrent l’Afrique.
Il ramène des émeraudes, des diamants, de l’encens, des soieries, des tissus précieux. Ainsi que de l’or qui venait d’Afrique et des Indes. Il devient argentier du roi, une Charge créée au XVe siècle, qui vise à fournir la Cour en biens de toutes sortes. Il fait entrer le luxe de l’Orient en France.
Agnès Sorel, passionnée de mode, incarnait parfaitement la « Maison » Jacques Coeur.
Il établit des comptoirs en Méditerranée et ce ne sont pas moins de 300 hommes qui travaillaient pour lui.
Mais tout cela ne dura pas. Il fut accusé de tromper le roi, d’avoir utilisé son sceau et émis de la fausse monnaie. Puis, il fut accusé d’avoir tué la favorite, Agnès Sorel.
Toutefois, cela n’avait pas de sens et cette accusation fut vite abandonnée car Jacques Cœur était réellement un véritable ami pour Agnès, mais aussi, son exécuteur testamentaire..
On suspecta alors le dauphin Louis XI, mais sans succès. Puis, Antoinette de Maignelais, la cousine d’Agnès et celle qui devint la favorite suivante… Un suicide ou un mauvais dosage de mercure qui visait à soigner Agnès d’une infection intestinale d’ascaris.
Affaire à suivre …
SECRETS D’HISTOIRE
Cette Chronique fait référence à mes publications FB de la semaine du 10 au 15 octobre 2022.
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