Marie de Médicis de la douce enfant à la terrible Reine
Chroniques sur des faits peu connus sur Marie de Médicis, seconde épouse du roi Henri IV
Marie de Médicis est née le 26 avril 1573 à Florence (Italie) et est morte en 1642 à Cologne (Allemagne). Seconde femme du roi Henri IV, elle est reine de France de 1600 à 1610, puis régente de 1610 à 1617 pour son fils mineur Louis XIII.
Marie est le sixième enfant de François Ier de Médicis, grand-duc de Toscane (de la branche de Laurent l’Ancien). Sa mère est Jeanne d’Autriche, archiduchesse d’Autriche, fille de Ferdinand Ier du Saint-Empire. Le 19 octobre 1587, ses parents meurent l’un après l’autre en l’espace de quelques heures. Orpheline, elle est considérée comme l’héritière la plus riche d’Europe.
Elle passe son enfance au palais Pitti. Elle reçoit une très bonne éducation : Marie apprécie particulièrement les disciplines scientifiques et notamment les sciences naturelles, elle apprend le dessin, la musique, le théâtre, la danse et la comédie et se passionne, déjà, pour les bijoux et les pierres précieuses dont nous parlerons.
Henri IV reçoit le portrait de Marie de Médicis par Rubens
Henri IV a conquis une France écartelée entre le catholicisme et le protestantisme. Il a hérité du royaume quand son cousin Henri III, dernier des Valois, a été assassiné. Il avait épousé Marguerite la sœur d’Henri III. Et Marguerite et Henri III sont les enfants de Catherine de Médicis. Henri sera le premier des Bourbon. Pour l’instant, il a été protestant, s’est converti, a réussi à combattre les uns et les autres pour que les villes lui ouvrent leur porte, a reconquis Paris, s’est fait reconnaitre comme le roi de France et… il n’a pas d’héritier. Il divorce de Marguerite et cherche une épouse. Il n’a pas trop bonne réputation à cause de cette question de religion et surtout les pays étrangers n’ont pas trop envie d’une alliance maritale avec un pays qu’il voudrait bien annexer ou au moins grignoter.
Pour Henri IV, Marie a toutes les qualités requises, elle est la petite-fille de l’empereur romain germanique Ferdinand Ier, ce qui permet d’assurer légitimement une descendance royale en France. Oui car en France on est snob et le pouvoir des Médicis apparait comme une noblesse trop fraichement acquise. Par ailleurs, les Médicis, en tant que banquiers sont créanciers du roi de France. La France doit 1 million de livre à la banque Médicis. Bon prince, les Médicis propose une dot de 2 millions de livres dont 1 million est payé au comptant pour effacer la dette de la France.
Le contrat de mariage est signé en mars 1600, les noces par procuration le 5 octobre, les époux se rencontrent le 9 décembre et passent leur nuit de noces, le mariage religieux a lieu le 17 décembre.
Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis le 27 septembre 1601, le futur Louis XIII.
Marie de Médicis acheteuse compulsive de bijoux
Entre Henri IV et Marie de Médicis, chacun a rempli son contrat. Il a un héritier (en fait plus que ça, car elle aura 6 enfants au total) et elle sera sacrée reine le 13 mai 1610. Sinon ils ne s’entendent pas. Marie est traitée de grosse banquière par les maitresses du roi. On la snobe à la cour. Alors elle se crée son monde, des italiens (sa conseillère, son médecin), des scientifiques, des peintres comme Rubens, des architectes, des tapissiers et des orfèvres – joailliers. Car elle adore les bijoux. Tout d’abord elle a étudié les gemmes et les connaît. Ensuite à l’époque les aristocrates hommes et femmes portent beaucoup de bijoux car les bijoux et les pierres précieuses sont des capitaux facilement transportables en cas de trouble et c’est une époque troublée (n’oublions pas qu’Henri III et Henri IV ont été assassinés). Les principaux orfèvres-joailliers du Pont aux Changeurs sont tous ses fournisseurs.
Aujourd’hui ce pont relie l’île de la Cité depuis le Palais de Justice, la Conciergerie et le tribunal de commerce, à la rive droite au niveau du théâtre du Châtelet. Il se situe sur la limite entre les 1er et 4e arrondissements de Paris. À cette époque, les joailliers, orfèvres et changeurs (les courtiers qui changeaient la monnaie d’où est issu le nom du pont) avaient installé leurs boutiques si serrées que l’on ne voyait pas la Seine depuis le pont. Les quittances et ordres échangés par ces orfèvres-joailliers et la reine permette de les connaitre :
Louis de la Haye, François Dujardin, Pierre Courtois, Jean Subtil, Mathieu Lescot, Claude Bourdon, Claude Couturier, Jean Chancel, Nicolas Chrestien, Paul Louvigny, Paris Turquet, Claude de Cambrai, Martin Bachelier…Elle achète aussi dans la rue Saint-Honoré à Corneille Roger, ou à la galerie du palais chez François le Prestre. Elle fait venir des joailliers de province ou de l’étranger : Flandre, Allemagne, Angleterre, Italie, Tchéquie. Bref aucune Reine n’aura acheté autant de bijoux.
Et souvent elle n’honore pas ses dettes, mais elle achète tellement qu’on continue à lui proposer des bijoux. Elle va avoir de très belles perles mais sa gemme de prédilection sera le diamant. Un jour elle achète un bracelet de 360 000 livres avec un ovale de diamants entouré de quatre diamants, avec la devise, Titani lumina vesper ce qui veut dire Les Titans s’illuminent le soir. Elle aime les diamants en bague, en collier, en boucle d’oreille, en breloque et croix et même en chapelet.
Si elle apprend que quelqu’un détient un beau diamant, elle le veut. Que le possesseur veuille vendre ne rentre pas dans ses considérations. Elle est la Reine et exige par exemple que Le banquier Jean André Lumagne en 1612 lui vende le diamant qu’il possède. Elle lui propose 18 000 livres mais comme elle n’a pas les moyens de ses envies, il faudra 2 ans pour qu’il soit payé. Mais d’autres attendront bien plus. Elle s’endette tellement qu’à la mort d’Henri IV elle se fera ouvrir le trésor de la Bastille que le roi avait constitué pour recruter des armées et tenir les pays rivaux à distance, pour régler au moins une partie de ses propres dettes.
Quand le surintendant des Finances, Nicolas de Harlay sieur de Sancy, met en vente 2 diamants exceptionnels venant d’Inde, Marie ne peut résister. Le plus gros s’appelle le Grand Sancy, diamant de 54,23 carats. Mais Marie n’a pas le moindre sous. Henri IV ne veut pas s’endetter pour un bijou. C’est le roi d’Angleterre Jacques Ier qui l’obtiendra. Marie s’emballe et veut à toute force l’autre diamant, il est plus petit mais fait quand même 34,98 carats. Elle finit par l’acheter en 1604 pour la somme de 25 000 écus, 75000 livres. Pour son couronnement elle le fait sertir au sommet de sa couronne, comme on peut le voir son portrait par Frans Pourbus.
En 1630, elle est bannie du royaume. Privée de toute pension en provenance de France, elle vit d’emprunts qu’elle garantit grâce à aux bijoux avec lesquels elle est partie et elle mourra en exil à Cologne le 3 juillet 1642, ruinée.
Inventaire des joyaux de la reine Marie de Médicis
Marie de Médicis (1573-1642), avait une grande collection de bijoux et était une fine connaisseuse de pierres précieuses. En 1610, un inventaire exhaustif des bijoux personnels de Marie de Médicis, épouse du roi Henri IV de France et de Navarre, révèle que ses coffrets contenaient ce qui suit:
-11.538 pierres précieuses de toutes formes et tailles imaginables.
-11 Chaînes en or de dessins et de formes différentes.
-4 Diamant insigne.
-Plusieurs bijoux d’or sertis de perles, diamants, rubis, saphirs, améthystes et d’émeraudes.
-Plusieurs chapelets en or et perles et autres pierres précieuses.
-Plusieurs bracelets d’or garnis avec variété de pierres précieuses.
-Plusieurs broches, des nœuds de corsages, des pendentifs, boucles de ceinture, boucles d’oreilles, bagues, parures et les aiguilles à cheveux garnies de diamants, perles et autres pierres précieuses colorées.
5878 perles ronde et en forme de poire.
L’inventaire a été rendu célèbre après l’assassinat du roi Henri IV (14 mai 1610), et a impressionné à ce moment-là, par le montant cumulé des bijoux de la seconde épouse du roi. On sait, en tout cas, que les colliers de perles grosses et rondes sont arrivées jusqu’à la Révolution française, quand on inventoria et d’évalua les Joyaux de la Couronne de France en 1791-1792, à la demande de l’Assemblée nationale. Ils furent mis aux enchères, dont les gains étaient destinés à financer la guerre. Marie de Médicis possédait aussi un diamant énorme : le beau Sancy.
Le diamant Sancy et Marie de Médicis
Marie de Médicis possédait aussi un diamant énorme : le beau Sancy qu’”Elle a désiré avoir “, quand elle a su que le diplomate et financier Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, avait vendu le grand “Sancy” au roi d’Angleterre Jacques Ier Stuart pour son épouse, indique M. Bennett.
Henri IV finit par accepter d’acheter en 1604 le Beau Sancy, pour la coquette somme de 25.000 écus. Il sera monté sur la couronne portée par Marie de Médicis pour le sacre de la reine à Saint-Denis le 13 mai 1610. Le lendemain de la cérémonie, Henri IV est assassiné par un homme du nom de Ravaillac. Marie de Médicis, mère de Louis XIII qui n’a alors que neuf ans, assure la régence.
On retrouve le fameux diamant au sommet de la couronne de Marie de Médicis, dans un tableau de Frans II Pourbus Le Jeune représentant la reine en costume de sacre (musée du Louvre et illustration de l’article).
C’est en 1640, qu’elle vendra le Beau Sancy au prince Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, Stathouder des Provinces-Unies.
Celui-ci marie son fils Guillaume avec Mary Stuart, Princesse Royale, fille aînée du roi Charles Ier d’Angleterre et de Henriette Marie de France. Il offre donc le Beau Sancy à sa Mary Stuart, qui n’est autre que la propre petite-fille de Marie de Médicis. Après avoir mis au monde Guillaume III, Mary met en gage en 1659 le Beau Sancy pour financer la Restauration de son frère Charles II Stuart sur le trône d’Angleterre.
Amalia de Solms, veuve de Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, rachète le Beau Sancy également revendiqués par la famille Stuart et marie son petit fils, Guillaume III d’Orange-Nassau avec sa cousine Marie Stuart( la fille du duc d’York), qui reçoit le Beau Sancy en cadeau de mariage.
On retrouve ensuite le diamant chez Frédéric I, premier roi de Prusse en 1702, qui en fait l’ornement principal de la nouvelle couronne de Prusse. Pendant quatre siècles, ce joyau chargé d’histoire a ensuite appartenu tour à tour à quatre familles royales (France, Maison d’Orange, Angleterre, Prusse).
Pesant 34,98 carats, le diamant est taillé en forme de poire et “double rose”.
Son grand frère, le “Sancy“, un diamant de 55,23 carats, est aujourd’hui conservé au Louvre.
Le couronnement de Marie de Médicis.
La scène se déroule le 13 mai 1610, dans l’abbatiale de Saint-Denis, haut lieu de la monarchie française. Rubens en représente fidèlement l’architecture et les espaces.
À droite, devant l’autel, sur une estrade et sous un dais fleurdelysés, un groupe de prélats (cardinaux en pourpre – Sourdis, Gondi et du Perron –, évêques et archevêques en or) entoure l’officiant (le cardinal de Joyeuse) qui est peint sur le vif, au moment où il ceint la reine de la couronne royale. Marie de Médicis est représentée en orante, agenouillée, les mains jointes et la tête droite. Témoin privilégié, son fils Louis semble l’encourager d’un geste de la main. Derrière elle, sa fille aînée, Madame Élisabeth, invite du regard le spectateur à participer à la scène. La queue du manteau du sacre sépare ce groupe, intercesseur avec le divin, des autres acteurs de l’événement, foule disparate et colorée se déployant sur plusieurs plans et parmi laquelle on distingue Marguerite de Valois, première épouse d’Henri IV et portant une couronne fermée, deux enfants légitimés d’Henri IV, César et Alexandre de Vendôme, qui portent les regalia, respectivement le sceptre et la main de justice, des princesses de la puissante maison de Lorraine… La nombreuse assistance est composée de la haute noblesse et de la haute prélature, parfois confondues et toujours soigneusement hiérarchisées (seules les princesses du sang, ici la princesse de Conti, la duchesse de Guise et la duchesse de Montpensier, sont par exemple habilitées à tenir la queue du manteau royal), des ambassadeurs, des officiers, des musiciens… Tout l’entourage qui a soutenu la reine dans son ascension est présent pour célébrer son statut de souveraine. Henri IV est représenté à un balcon, en position supérieure d’observateur extérieur ; sa présence-absence donne sa caution légitime à l’événement. Il réaffirme le lien dynastique avec l’Église et sa fidélité à la religion romaine, alors même qu’il s’apprête à prendre les armes contre un souverain catholique en soutenant des princes protestants. Seul sacrifice à l’allégorisation, deux anges surplombent la traîne et répandent des pièces d’or au moyen d’une corne d’abondance. Ils annoncent la prospérité et la félicité qui accompagnent le sacre et signifient la capacité financière d’une monarchie qui affirme sa puissance également par le faste. (Texte : Jean Hubac pour ce dernier paragraphe).
Cette Chronique fait référence à mes publications FB de la semaine du 17 au 22 octobre 2022.
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