Voyage en Egypte – 2/2023 – KARNAK- Les Chroniques de l’Histoire. Louxor – l’ancienne Thèbes

Voyage en Egypte – 2/2023 – KARNAK- Les Chroniques de l’Histoire. Louxor – l’ancienne Thèbes

Dimanche 26 mars – Tous levés de très bonne heure, nous savons qu’aujourd’hui nous partons pour Karnak.

Karnak – Sanctuaire d’Amon – le Joyau des Pharaons

C’est un ensemble monumental à nulle autre pareille ; 1km5 x 700 m. Il y a 3400 ans, c’était le plus grand centre religieux d’Egypte. Pour les pharaons, c’était un lieu primordial ; le cœur de la religion égyptienne, le site le plus sacré de tous. Des monolithes taillés dans la pierre la plus dure dominent encore le site ; les obélisques. Tout ici rappelle l’immense puissance des pharaons. le site était intimement lié au pouvoir politique des rois d’Egypte.

Karnak a vu l’avènement du Nouvel Empire, et sa chute. Chronologiquement, Karnak couvre plus de 2 millénaires, c’est réellement un site exceptionnel ! Ce sanctuaire abritait le Dieu caché. Un Dieu indissociable du destin de Karnak et du Nouvel Empire.

« J’allai enfin au palais ou plutôt à la ville de monuments, à Karnac. Là m’apparut toute la magnificence pharaonique, tout ce que les hommes ont imaginé et exécuté de plus grand. (…) tout ce que j’avais admiré avec enthousiasme sur la rive gauche, me parut misérable en comparaison des conceptions gigantesques dont j’étais entouré… Il suffira d’ajouter que nous ne sommes en Europe que des Lilliputiens et qu’aucun peuple ancien ni moderne n’a conçu l’art de l’architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose, que le firent les vieux Égyptiens. »

Jean-François Champollion.

Je raconte une petite anecdote peu banale : Nous sommes arrivés à Karnak et nous entrons dans l’enceinte d’une site par une pièce où se trouve une grande maquette et la reproduction de deux barques de processions. Il y a énormément de monde, il fait très chaud, j’ai l’impression que ma tête va exploser. Les énergies sont très très fortes. Mon mari regarde un monsieur qui le regarde aussi avec insistance et je regarde son épouse qui n’est ni plus ni moins qu’une amie et connaissance avec qui j’ai travaillé régulièrement pendant plus de 15 ans. C’était juste incroyable ! Voilà que nous nous tombons dans les bras avec une joie immense et une stupéfaction de nous retrouver là ! Eux en croisière et nous avec ce petit groupe d’amis et de cousins pour notre périple en Terre des Pharaons. Nos guides respectifs nous appellent, nous nous sommes quittons stupéfaits de cette rencontre.

Allée des Sphinx criocéphales (à tête de béliers) et Entrée par le pylône 1

La Grande Cour

Le Temple de Sethi II

La grande salle Hypostyle

La salle hypostyle de Karnak succède à la grande cour et forme une sorte d’antichambre avant l’entrée dans le temple proprement dit : l’Ipet-Sout. La salle est considérée comme un « temple de millions d’années » – c’est-à-dire un lieu de célébration du culte monarchique associé au culte d’Amon. Le décor polychrome intérieur évoque les cérémonies accomplies en ce lieu, comme la fête de la barque sacrée et le rituel divin journalier, tandis que le décor extérieur illustre les victoires de Séthi Ier au Nord, et de Ramsès II au Sud.

Après la grande salle hypostyle se trouvaient autrefois deux obélisques de Thoutmosis Ier, de 23 mètres de haut et pensant 143 tonnes, dont il ne reste plus qu’un exemplaire.

Vestibule de Thoutmosis III

Après le 5me et 6me pylônes, respectivement de Thoutmosis Ier et de Thoutmosis III

Le scarabée de granit qu’Aménophis dédia au dieu Chêper

L’Akh-Menou de Thoutmosis III ou « temple de millions d’années »

L’Akh-Menou était le temple de la fête Sed, cérémonie de régénération du pharaon ayant lieu au bout de 30 ans de règne et renouvelée ensuite tous les trois ans.

Sur la droite de l’édifice, un long couloir décoré de scènes de la fête Sed mène à 9 chapelles – magasins : c’est dans ces magasins que l’on entrepose tout ce qui était nécessaire à la célébration de la fête de la régénération. Sur la gauche, la superbe salle des fêtes de 40m de long : la nef centrale est délimitée par 10 colonnes en forme de piquets de tente ; le plafond était peint en bleu et parsemé d’étoiles jaunes. De chaque côté de la nef, deux travées divisent encore cette salle. Derrière cette salle des fêtes se trouve encore le  Jardin botanique  aux superbes représentations apparaissant sur des blocs de pierres parsemés : les plantes et les animaux représentés sont ceux découverts en Asie par l’armée de Pharaon lors de ses campagnes militaires. Derrière l’Akh-Menou, adossé sur son mur arrière, un petit temple construit aussi par Thoutmosis III. Devant ce temple il y avait un obélisque unique de 33 mètres de haut qu’avait fait construire Menkhepérouré (Thoutmôsis IV). Cet obélisque, le plus haut d’Egypte, fut transporté à Rome sur l’ordre de l’empereur romain Constance II en 357 et placé sur le cirque Maxime ; aujourd’hui, il se trouve sur la place Saint Jean du Latran à Rome.

Belle salle hypostyle présentant deux rangées de dix colonnes au fût peint en rouge foncé, à imitation de bois et d’une rangée d e32 piliers quadrangulaires décorés de scènes. Quelques traces de peintures et des croix indiquent que cette salle fut transformée en chapelle par les chrétiens.

Salle décorée de l’Akh Menou

Le jardin botanique de Thoutmosis III

Le jardin botanique de Thoutmosis III est une représentation, exécutée avec un remarquable souci du détail, de la faune et surtout de la flore de l’empire égyptien à son apogée. Il se trouve sur les murs de la pièce contiguë à la salle des fêtes de Thoutmosis III dans le temple de Karnak. Thoutmosis le grand pharaon guerrier qui repousse les frontières de l’Egypte dans le nord comme dans le sud, ramène de ses campagnes militaires — outre un butin considérable — des essences rares, des animaux et des plantes luxuriantes. Leurs représentations se trouveront gravées sur les murs du sanctuaire qu’il fait construire dans l’enceinte sacrée du temple de Karnak. Le pharaon vante la beauté des paysages, la luxuriance de la flore et la richesse de la faune qu’il a découvertes lors de ses campagnes victorieuses contre les Asiatiques. Le Rétjénou supérieur (Syrie-Palestine actuels) en particulier émerveille le monarque qui s’empresse de le faire sculpter en bas-relief  sur les murs de Karnak. Sur les terrains situés à l’arrière du naos jugé trop exigu, le pharaon fait bâtir un nouvel ensemble appelé Akhmenou, c’est-à-dire « temple de la régénération du souverain ». Les murs de la salle hypostyle  qui précède ce sanctuaire servent alors aux artistes royaux qui, sur ordre de Pharaon, gravent dans la pierre les plus belles représentations bucoliques de l’Égypte. Le jardin botanique représenté sur les parois de l’Akhmenou est peut-être la représentation magnifiée et sublimée du jardin sacré du temple d’Amon, où animaux et oiseaux avaient l’habitude de se côtoyer, protégés par un enclos, dans la douce fraîcheur d’une végétation luxuriante. Il existait un enclos identique à côté du lac sacré à proximité des magasins. De cet endroit partait une galerie couverte qui permettait aux oies sacrées d’aller s’ébattre dans le lac et de rentrer au bercail à l’abri des regards. Beaucoup de riches propriétaires ou de hauts dignitaires de la cour s’enorgueillissaient de posséder, à l’instar du roi, des jardins magnifiques rivalisant d’essences rares, d’animaux sauvages et d’oiseaux multicolores.

L’emplacement du Saint des Saint du Temple d’Amon

Tout de suite après le jardin botanique, c’est un endroit où les touristes ne vont pratiquement jamais et c’est pourtant l’endroit le plus important où seuls les 5 grands prêtres officiaient.

Sortie de l’Akh Menou vers le Lac Sacré

Le Lac Sacré

Le lac sacré du domaine d’Amon s’étend sur 120 m de long sur 77 m de large. Il était entouré de différents édifices, des magasins, des habitations de prêtres et il y avait même une volière pour des oiseaux aquatiques. Dans ces eaux, les prêtres se purifiaient chaque matin avant de commencer les sites sacrés qui avaient lieu chaque jour. Nous savons que sous la XIXe dynastie, 80 000 personnes travaillaient au temple d’Amon, dont les prêtres, les gardiens, des ouvriers et des paysans. C’était une ville dans la ville. Le temple avait s’importants revenus et un nombre considérable de terres, de marchés, de chantiers auxquels s’ajoutaient les richesses et les tribus de guerre que les pharaons ne manquaient pas d’offrir à chaque victoire.

Vers les chapelles rouge et blanche

La chapelle rouge d’Hatchepsout

La chapelle rouge d’Hatchepsout  aussi appelée « palais de la Maât », est un des monuments du  temple d’Amon à Karnak. Il s’agit d’une chapelle de barque, élément central de l’architecture et des rites des temples à dater du Nouvel Empire, et dont la fonction était de préserver la barque sacrée du dieu Amon. Son nom était d’ailleurs « place favorite d’Amon » ou « place du cœur d’Amon ».

La chapelle blanche

La chapelle blanche de Sésostris Ier est l’un des plus anciens monuments du temple d’Amon à Karnak. Elle est en calcaire blanc, finement ciselé. Elle comporte quatre piliers intérieurs entourés par un péristyle de douze piliers et sa décoration représente la fête-Sed de Sésostris Ier. Des traces de peinture jaune subsistent sur la corniche, du rouge, du bleu et du blanc sur les hiéroglyphes. On ne peut savoir si les reliefs et le reste du temple étaient peints, puisque très peu de pigments y furent retrouvés. On peut observer sur sa base la liste complète des nomes d’Egypte. Les piliers mesurent 2,6 m de hauteur pour 60 cm de côté. Le podium sur lequel reposent les colonnes mesure 1,2 m de hauteur, 6,8 m de long pour 6,5 m de large. À l’origine, le kiosque a dû servir lors des cérémonies de la fête-Sed, le roi s’asseyant au centre, sur un double trône. Des trous dans le sol, entre les quatre piliers centraux, indiquent l’utilisation de perches qui devaient supporter un rideau, afin de masquer le roi lors des cérémonies. Un spécialiste a suggéré qu’après la fin des fêtes, des statues du roi auraient pu être placées dans le kiosque, sur un double trône. Plus tard, le kiosque fut converti en reposoir pour la barque. C’est à cette époque que, probablement, fut installé l’autel de granit rose que l’on peut observer aujourd’hui. Malgré son changement de fonction, la chapelle resta probablement au même endroit ; c’est ainsi qu’elle fut englobée dans la cour des fêtes de Thoutmosis III. Avec d’autres éléments de cette cour, la chapelle fut démantelée à l’époque d’Amenhotep III, les blocs furent réutilisés comme matériaux de construction pour les fondations du troisième pylône. 

Prochain article : LA VALLEE DES SINGES

J’ai rédigé plusieurs articles à la suite sur mon voyage en Egypte, vous pouvez les retrouver sur ce site Internet rubrique Egypte.

Tous mes ouvrages sont disponibles sur Amazon ou auprès de moi.

Sandra Di Giusto, Guide Conférencière, Auteure et Médiatrice du Patrimoine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
LinkedIn
Share