16 mai 1536, Anne Boleyn espérait la clémence du Roi

16 mai 1536, Anne Boleyn espérait la clémence du Roi

Malgré sa condamnation la veille, Anne Boleyn espérait la pitié du roi.

William Kingston, le connétable de la Tour de Londres et le gardien d’Anne Boleyn pendant son emprisonnement rapporta un fait étrange dans ses rapports quotidiens envoyé à Thomas Cromwell, le premier ministre d’Henri VIII.

Il précisa que ce jour-là, Anne avait repris du courage et qu’elle était pleine d’espoir que le roi lui laisse la vie sauve.

Cette espérance était très surprenante car elle venait d’être condamnée le jour précédent et rien n’avait changé depuis la sentence prononcée par le jury des Pairs du royaume qui l’avaient condamné à mourir pour haute trahison.

Ce 16 mai 1536, Anne reçut la visite de son ami, l’archevêque Thomas Cranmer. Il fut envoyé à la Tour de Londres pour recevoir la dernière confession d’Anne et pour obtenir son consentement pour l’annulation de son mariage avec le roi Henri VIII.

Est-ce que Cranmer aurait pu lui laisser un espoir ce jour-là qu’elle pourrait avoir la vie sauve à certaines conditions ? Nous ne le savons pas. Peut-être lui donna-t-il de l’espoir afin qu’elle accepte plus facilement l’annulation de son mariage avec le roi ?

Anne Boleyn et Thomas Cranmer – Wikimedia Commons

Peut-être que lui-même espérait qu’il soit possible qu’Anne soit envoyée en exil, dans un couvent pour le reste de sa vie ? Après tout, c’est aussi ce qui avait été proposée à la reine Catherine d’Aragon. Mais peut-être que ce ne fut un accès d’espérance de la part d’Anne.

Pendant ce temps, dans la Tour de Londres, les cinq hommes, George Boleyn, Henri Norris, Mark Smeaton, Francis Weston et William Brereton se préparaient à mourir le jour suivant et selon Kingston, ils attendaient leur confesseur qui n’était pas encore arrivé.

Francis Weston eut le temps d’écrire une lettre d’adieu à ses parents et leur demanda aussi de payer les dettes qu’il laissait derrière lui.

Francis Weston
Portrait supposé de Francis Weston – 1531-1536 – Wikimedia Commons

«Père et mère et épouse, je vous demanderai humblement, pour le salut de mon âme, de me décharger de ces accusations et de me pardonner toutes les offenses que je vous ai faites, et en particulier à ma femme, je désire que l’amour de Dieu me pardonne et prie pour moi : car je crois que la prière me fera du bien. La bénédiction de Dieu à mes enfants et les miens. Par moi, un grand offenseur de Dieu ».

« Grand offenseur de Dieu » car selon les croyances de l’époque et en lien avec le péché originel de l’homme, les hommes et les femmes de la Renaissance se savaient pécheurs malgré tout. Et même si cela n’avait rien à voir avec les fautes dont ils étaient accusés dans cette affaire, au moment où la mort venait, toutes et tous demandaient « Pardon » pour le rachat de leurs fautes. Le salut de l’âme était vraiment une priorité pour tous ces hommes et toutes ces femmes de l’Histoire : on croyait aux enfers, on croyait à la damnation éternelle et il fallait par tous les moyens éviter cela.

George Boleyn se préparait aussi à mourir. Il avait également des dettes qu’il souhaitait voir payées.

En lisant les rapports de Kingston dont les lettres ont été retranscrites dans des ouvrages d’historiens anglais, il est si triste de voir à quel point ces condamnés à mort étaient inquiets pour les soucis, les dettes qu’ils allaient laisser à leur famille et certainement l’embarras que leur mort allait procurer à d’autres personnes.

Il faut imaginer la souffrance de ces hommes au moment de mourir. Mourir dans l’injustice, sans rien pouvoir faire d’autre que subir…C’était déchirant…

Voici une courte vidéo sur le sujet :

Merci de votre lecture et écoute.

Lettre originale (et endommagée) de Kingston. L’intégralité de la lettre ne nous est pas parvenue. Elle se trouve dans les archives de la British Library MS. Cotton, Otho C. x. fol. 225. Elle a aussi été transcrite en Anglais par Henri Ellis, dans son ouvrage : Original Letters, Illustrative of English History. Vol II, London, Harding, Triphook and Lepard, 1824. Pages 53-56.

La lettre provient d’un manuscrit ravagé par l’incendie d’Ashburnham House en octobre 1731: les points indiquent un texte manquant ou un texte endommagé au-delà de la reconnaissance.

« Thys ys to advertyse you apon my Lord of Norfolk and the Kyngs Counsell depart  .  .  . from the Towre I went before the Quene in to hyr lodgyng, &  .  .  . 1 sayd unto me M. Kyngston shall I go in to adungyn. Now Madam y  .  . 2 shall go into your logyng that you lay in at your Coronacion. It ys to gu  .  .3 for me, she sayd, Jesu have mercy on me: and kneled downe wepyng a  .  .  .  .  . pace, and in the same sorow fell in to agret lawyng,4 and she hathe done  .  .5 mony tymes syns. And then she desyred me to move the Kyngs Hynes that she  .  .  . 6 have the sacarment in the closet by hyr chambr, that she my  .  .  .  .  . for mercy, for I am as clere from the company of man, as for s  .  .  .  .  .  .  .  . am clere from you, and am the Kyngs trew wedded wyf; and then sh  .  .  .  .  .  . M. Kyngston do you know wher for I am here, and I sayd nay, and then  .  .  .  .  . when saw you the Kyng and I sayd I saw hym not syns I saw  .  .  .  .  .  . the Tylte yerde7 and then M. K. I pray you to tell me wher my  .  .  .  . ford8 ys, and I told hyr I saw hym afore dyner in the cort. O  .  .  .  .  .  . my swet brod’er. I sayd I left hym at York place, and so I dyd I  .  .  .  .  .  .  . d she that I shuld be accused with iij men and I can say  .  .  .  .  . nay withyowt I shuld oppen my body and ther with opynd  .  .  .  .  .  .  . res Hast thow accused me thow ar in the towre with me, &  .  .  .  .  .  .  .  . I dy to gether and Marke thou art here to9 O my mother  .  .  .  .  . for sorow and meche lamented my lady of Worcet’10 for by ca  .  .  .  . dyd not store in hyr body, and my wyf sayd what shuld  .  .  .  .  .  .  .  .  . sayd for the sorow she toke for me: and then she sayd M. K  .  .  .  .  .  . with yowt justs;11 & I sayd the porest sugett the Kyng  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . ther with she lawed.12 All thys sayings was yester ny & thys moryng dyd talke with mestrys Cofy13  .  .  .  .  .  .  . res14 dyd say on Sunday last unto the Quenes amn  .  .  .  .  .  . ere for the Quene that she was a gud woman  .  .  .  .  .  . Cofyn, Madam why shuld ther be hony seche maters  .  .  .  .  .  . sayd she I bad hym do so for I asked hym why he  .  .  .  .  .  .  . hys maryage and he made ansur he wold tary  .  .  .  .  .  .  .  . loke for ded mens showys, for yf owth can  .  .  .  .  .  .  . you wold loke to have mo; and he sayd yf he  .  .  .  .  .  .  .  .  . he wold hys hed war of, and then she sayd  .  .  .  .  .  .  .  . and ther with thay fell yowt bot  .  .  .  .  .  .  .  . on Wysson monday twysday last  .  .  .  .  .  . r that Nores cam mode u  .  .  .  .  .  .  .  . age and further  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Wher I was commaunded to charge the gentelwemen that y gyf thaye atende apon the Quene that ys to say thay shuld have now commynycaseon with hyr in lese15 my wyf ware present, and so I dyd hit, notwithstaundyng it canot be: for my lady Bolen16 and mestrys Cofyn lyes on the Quenes palet, and I and my wyf at the dore with yowt17 so at18 thay most nedes talke at19 be without; bot I have every thyng told me by mestrys Cofyn that she thynks met20 for mee to knowe, and tother ij gentelwemen lyes with yowt me and as I may knowe  .  .  . Kyngs plesur in the premysses I shall folow. From the Towre this mo  .  .  .  .  .      Sr syns the makyng of thys letter the Quene spake of West21  .  .  .  .  .  . had spoke to hym by cause he dyd love hyr kynswoma  .  .  .  .  .  .  .  . he sayd he loved not hys wyf and he made anser to hyr  .  .  .  .  .  . loved won in hyr howse bettr then them bothe  .  .  .  .  .  . that it ys your self and then she defyed hym ».

WILLṀ KYNG  .  .  .

AJ Notes:

1. she.
2. you.
3. gude, good.
4. laughing.
5. so.
6. my might.
7. Tylte yerde, tilt-yard; place of the joust.
8. Lord Rochford, George Boleyn, her brother.
9. Mark Smeaton.
10. Worcester.
11. justice.
12. therewith, she laughed.
13. Cofŷ: Mistress Cosyns
14. Norres – Henri Norris
15. Unless.
16. Anne Boleyn’s mother.
17. with yowt: without, i.e. outside.
18. that.
19. that.
20. met: meet, fitting.
21. Sir Francis Weston

la rose des tudors

2 réflexions sur « 16 mai 1536, Anne Boleyn espérait la clémence du Roi »

  1. Merci de partager cette historie des Tudors. Pendant ma scolarité, les cours d’histoire, je les détestais. Les profs n’étaient pas en mesure de nous faire apprécier les cours d’histoire. J’avais dépassé la trentaine quand, après lecture d’un roman historique sur les Templiers que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire en commençant par les Templiers pour étendre mon champ de vue. Depuis, l’histoire me passionne. L’histoire des Tudors aussi depuis que j’ai vu la série des Tudors à la télé néerlandophone (je suis néerlandophone, originaire de Belgique). Un grand merci!

    1. Bonjour Lut Snellings, je vous remercie de votre message très sympathique.
      C’est un sacré challenge que de faire aimer l’Histoire et la faire vivre.
      Mais quel Bonheur que de faire au mieux pour partager cela et faire en sorte
      que cette histoire ne soit pas oubliée et surtout qu’elle soit au plus proche des
      personnages. Bienvenue sur mon site des Chroniques de l’Histoire Lut.
      Bien à vous,
      Sandra

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